La Télévision Tunisienne pourrait ne pas produire un feuilleton de soirée pour le mois saint. Une information qui pourrait se révéler exacte, eu égard aux difficultés financières d’une institution, qui possède une dette estimée en 2015 à 28 millions de dinars, et dont la masse salariale constitue un peu plus de la moitié du budget (54%).
Certains acteurs, qui ont travaillé dans le passé pour des feuilletons qui ont peuplé les programmes de soirée de la Télévision Tunisienne au cours du mois du Ramadan, ont évoqué récemment le fait que cette dernière pourrait ne pas produire ce genre de programme en 2018.
Explication donnée par l’un d’entre eux, au cours d’une émission, sur une chaîne privée : l’établissement public de télévision ne posséderait pas les moyens de produire un feuilleton de soirée. On sait qu’il faut un minimum de deux millions de dinars pour produire un feuilleton de 15 épisodes.
Des informations soulignent la possible production de- seulement- deux sitcoms (comédie de situation faite d’une unité de décor) qui seraient à programmer en début de soirée. Donc en Access-prime time (comprenez avant 20 heures). Un genre de dramaturgie connu pour être moins coûteux.
La télévision tunisienne vit chichement
Ces informations sont évidement à vérifier. Même si tout le monde trouve que le temps presse. Et qu’il faut un minimum de temps pour faire un feuilleton. Le ramadan est en effet pour le mois de mai 2018; ce qui exige que la télévision publique accélère le pas. Même si cette dernière en a vu d’autres. On se souvient qu’il est arrivé qu’un programme soit livré le jour même de sa diffusion, à la télévision publique, pendant le mois saint.
Reste que l’information pourrait se révéler exacte eu égard aux difficultés financières d’une institution qui possède une dette estimée en 2015 à 28 millions de dinars et dont la masse salariale constitue un peu plus de la moitié du budget (54%).
Il suffit de regarder les programmes des deux chaînes publiques (Al Wataniya 1 et Al Watanya 2) pour se rendre compte que notre télévision publique vit bien chichement.
Il ne faut pas être spécialiste de l’analyse de contenu pour se rendre compte que l’essentiel des programmes est fait de programmes d’archives, de rediffusions et de programmes low-cost (comprenez des programmes produits à moindre coût) : des talk-shows et des émissions de débat.
Pourtant bien avant la révolution, on nous disait qu’il suffisait d’ouvrir le paysage audiovisuel tunisien (PAT), accaparé par l’Etat, et de libérer les créateurs de la main mise politique du pouvoir en place, pour voir s’installer, grâce donc à une bonne dose de liberté et de concurrence, des programmes éclatant de qualité.
Une réalité en deçà des prédictions
L’ouverture du PAT à la concurrence, avec la création notamment de nouvelles chaînes, devait, cela dit, favoriser une production audiovisuelle pour ainsi dire riche et variée. Or, là aussi, il ne suffit pas d’être un spécialiste pour se rendre compte que l’on est bien en-deçà des prédictions.
Revenons à la non production- supposée- par la télévision tunisienne d’un feuilleton de soirée au cours du mois de ramadan 2018 pour indiquer que cela serait un précèdent. Et que cela serait l’occasion de se pencher sérieusement sur le vécu et le devenir de cette institution.
Car, il faudra sans douter ôter des esprits et des plans de tout un chacun- à commencer par ceux des premiers responsables du pays- que l’on peut faire l’économie d’un service public de radiodiffusion. Aucun pays ou presque, à commencer par le pays considéré comme le plus libéral au monde, les Etats-Unis d’Amérique, ne s’est refusé, pour des raisons évidentes, une radio et une télévision publiques (la Public Broadcasting Service gère 350 chaînes).
D’où la nécessité de restructurer l’audiovisuel public (Télévision et Radio Tunisienne), un mastodonte de quelque 2400 employés.