Le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni hier, a décidé d’augmenter le taux directeur de 75 points de base, passant de 5% à 5,75%.
Cette décision intervient suite à l’accélération de l’inflation qui a été enregistrée au début de cette année, soit 7,1% en février 2018, contre 4,6% durant la même période de l’année 2017 et une moyenne annuelle de 5,3%.
Selon la BCT, cette hausse de l’inflation est due essentiellement à la forte augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) en janvier 2018 de 1,1%, contre 0,4% en décembre 2017.
D’ailleurs, en prévision de cette accélération de l’inflation, le Conseil d’administration de la BCT a décidé à fin décembre 2017 d’élargir le corridor à 100 points de base et du taux directeur avec un taux de facilité de prêt marginal de 6%.
De ce fait, le TMM a augmenté à 5,61% au mois février 2018. Ceci nécessite, selon la BCT, un ajustement du taux directeur afin d’assurer une cohérence des taux sur le marché monétaire.
Moez Joudi: «Les mesurettes isolées ne suffisent absolument plus»
En réaction à cette décision, Moez Joudi, expert en gouvernance, a annoncé, sur sa page Facebook, que « l’inflation au mois de février 2018 est passée à 7.1% en glissement annuel, franchissant l’intervalle des 6% / 7%. Rappelant qu’au delà des 3%, l’inflation est considérée comme étant assez conséquente. 7.1% d’inflation, un taux jamais atteint à ma connaissance depuis plus de 15 ans ».
Il s’est interrogé : « Avec un taux directeur de 5.75%, quel investissement et quelle croissance stimulés? Quid du coût de l’endettement au niveau des entreprises et des ménages? On comprend que la BCT essaie par tous les moyens de juguler l’inflation galopante en prenant des mesures par anticipation, mais quid des autres causes de l’inflation et des remèdes apportés, à savoir le taux de change, l’inflation importée, l’excès des dépenses publiques notamment des salaires dans le public, les circuits de distribution, la spéculation… »
Et de conclure que « le plan de sauvetage économique et financier du pays tarde à être annoncé et les mesurettes isolées ne suffisent absolument plus ».