Entre 2010 et 2016, le nombre de diplômés du supérieur public et privé a baissé de 25%. Le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur public a connu, à lui-seul, une régression de 33%, passant de 86 mille à 58 mille diplômés, selon la dernière analyse publiée, aujourd’hui, par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE).
Selon la même source, la dynamique dans le secteur public a été compensée par une évolution exponentielle de diplômés du supérieur du secteur privé, atteignant 7800 en 2016 contre 1200 en 2010.
Par ailleurs, l’OTE a démontré que la chute du nombre de diplômés du supérieur public et privé masque une disparité entre les universités. En effet, certaines universités ont subi une hémorragie de diplômés, telle que l’Université Tunis El Manar qui a subi une hémorragie avec une chute de 48% du nombre de ses diplômés entre 2010 et 2016, tandis que l’Université de Kairouan n’en a perdu que 11% de ses diplômés.
Cette chute du nombre de diplômés public et privé a été enregistrée parallèlement à une chute du nombre d’étudiants à l’entrée de l’université, écartant l’explication d’un fort taux d’abandon en cours de cursus.
Face à cette situation, l’OTE s’est posé plusieurs questions:
- Cette chute est-elle le fruit de la politique dite d’employabilité afin d’adapter l’enseignement supérieur à l’économie et au marché de l’emploi tunisiens; c’est-à-dire à une économie de faible valeur ajoutée maintenue en bas des chaînes de valeur mondiales?
- Cette chute s’explique-t-elle par une forte migration des étudiants vers l’étranger à travers les multiples offres de bourse?
- Cette chute est-elle la conséquence d’une résignation des étudiants à se lancer dans une voie sans perspectives?
En réponse, l’analyse de l’OTE a démontré qu’en tout état de cause, la chute inquiétante du nombre de diplômés du supérieur public et privé, signe le nivellement par le bas de l’enseignement supérieur et l’abandon implicite de toute montée en valeur de l’économie tunisienne.