L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a dévoilé les résultats de l’Agenda national des affaires (NBA) sur son site officiel, avec les contributions de plusieurs ministères et plus de 2000 chefs d’entreprise. En effet, ce rapport représente le bilan de 30 débats entre secteur public et privé, 2000 chefs d’entreprise consultés, quatre enquêtes sur le terrain et deux sondages. Retour sur le résultat.
NBA a également recueilli l’avis des chefs d’entreprise sur l’ALECA et sur les clauses de l’Accord de Carthage. Outre les suggestions avancées, les sondés ont proposé, entre autres, dix mesures dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, à savoir:
- L’élimination progressive de la liquidité pour la traçabilité des flux financiers;
- L’investissement dans un système éducatif plus évolué;
- L’accessibilité de l’éducation à toutes les couches sociales;
- L’équité fiscale;
- La lutte contre l’analphabétisme;
- Un meilleur enseignement pour les jeunes;
- Un meilleur suivi du rendement des douanes au sud du pays;
- Un meilleur suivi du rendement des agents de l’ordre au sud du pays;
- L’application de la loi pour les agents de l’ordre impliqués dans des affaires de corruption;
- La création des brigades mobiles sur les routes du sud.
En ce qui concerne la lutte contre le chômage, l’étude suggère « qu’elle passe, pour les chefs d’entreprise, principalement par la création de programmes de formation professionnelle obligatoires et gratuits, en harmonie avec les besoins du marché du travail et pour avoir des compétences d’un bon niveau. La facilitation des procédures de recrutement et de licenciement est une action fortement sollicitée par les entrepreneurs dans la démarche de lutte contre le chômage ». Dans cette perspective, la synthèse des réponses des interrogés met l’accent sur la nécessité d’adopter les mesures suivantes:
- Programmes de formation professionnelle obligatoires et gratuits à l’écoute des besoins du marché du travail;
- Programmes d’enseignement fournissant un très bon niveau de compétences;
- Facilitation des procédures de recrutement et de licenciement;
- Implication et renforcement du partenariat avec le secteur privé,notamment dans l’enseignement supérieur;
- Une expérience professionnelle pertinente obligatoire avant de quitter le système éducatif;
- Le droit à une formation de rattrapage gratuite;
- L’accompagnement des demandeurs d’emploi jusqu’à leur insertion;
- La prime d’embauche pour le recrutement d’un salarié de plus ainsi qu’une prime d’apprentissage,
- L’augmentation de l’âge de la retraite pour résoudre les problèmes des caisses de retraite et l’augmentation du temps de travail;
- Les sondés suggèrent aussi de réviser le Code du travail à propos des indemnités de licenciement.
A propos de la réforme de l’administration publique, il en ressort les revendications suivantes:
- Alléger les formalités administratives;
- Assurer la neutralité de l’administration;
- Supprimer la séance unique;
- Revoir le statut de la haute fonction publique;
- Agir contre l’indiscipline et le manque d’assiduité dans la fonction publique;
- Créer des projets PPP avec transfert du personnel de l’administration;
- Rendre plus opérationnelles les procédures de sanction des employés pour une meilleure application des réglementations en vigueur;
- Modifier la loi de la fonction publique : déduire les excès d’absences du congé annuel payé;
- Publier des indicateurs d’efficacité sur internet et par région;
- Mettre en place des vraies brigades de contrôle de la bonne marche des administrations avec un contrôle strict du volume de travail réel et des présences, avec une évaluation quotidienne.
Pour la lutte contre la corruption, les interrogés proposent:
- La transparence totale et la lutte contre les conflits d’intérêts;
- Un système de protection et de récompense des dénonciateurs;
- La réactivation des systèmes de dénonciation en ligne;
- La réduction progressive de l’effectif de la fonction publique pour atteindre les normes internationales;
- La publication du nombre de plaintes et des résultats des sanctions par région et par ministère tous les mois.
Concernant la restauration des équilibre budgétaires, les interrogés proposent de réaliser régulièrement un audit des finances publiques; de revoir la gouvernance publique, en s’orientant vers plus d’indépendance, avec la mise en place d’un système de motivation des dirigeants; et le rééchelonnement de la dette de l’Etat.
Quant au développement régional, les interrogés proposent de:
- Orienter les investissements publics prioritairement vers les régions intérieures;
- Créer des pôles d’excellence (secteur, spécialité…);
- Instaurer la réalité des prix;
- Assister les démunis;
- Rendre le réseau ferroviaire couvrant tout le territoire tunisien conforme aux standards internationaux;
- Avantager les établissements de loisirs et de tourisme intérieur;
- Diviser le territoire tunisien horizontalement en six entités autonomes qui disposent chacune de toute l’infrastructure nécessaire- ports, aéroports, voies ferrées- pour desservir les villes, et autoroutes qui relient l’est à l’ouest;
- Promouvoir l’agriculture dans chaque région selon ses spécificités.
Quelles sont les priorités du secteur privé?
Le rapport de la NBA ne manque pas de répondre à cette question: «Parmi les cinq réformes citées comme priorité du Gouvernement dit « d’Union nationale », la réforme du système fiscal et de son administration est citée comme la première réforme à entamer, la facilitation des procédures de recrutement et de licenciement est considérée comme étant la deuxième réforme à engager, mais avec un degré moindre en termes de priorité. Le code d’investissement se classe en troisième position dans les projets de réforme du nouveau gouvernement.»
ALECA vs secteur privé
A la question, « Êtes-vous au courant du stade d’avancement de l’Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne? 56% des interrogés ont répondu par la négative. La majorité des chefs d’entreprise affirment avoir eu connaissance de l’ALECA par le biais des médias (presse, radio, télé) à 51,60%, suivi des associations professionnelles avec 35,50% et enfin les structures gouvernementales pour 9,70%. Les interrogés recommandent, pour une meilleure négociation sur l’ALECA : une bonne communication autour de cet accord et une implication des divers acteurs ; être bien conscient de la différence de maturité entre les sociétés des deux rives; faire participer les secteurs économiques sur la base d’études sectorielles ; l’écoute des partenaires sociaux ; privilégier l’emploi et l’export ; déterminer un objectif pour cet accord ; une synchronisation totale avec le secteur privé ; l’évaluation détaillée et objective de l’ancien accord ; la prise en compte des secteurs fragiles et la sélection des filières à libéraliser.
Quelle perception pour les ministère et ses services
Le sondage réalisé dans le cadre de NBA montre un certain mécontentement de la part des chefs d’entreprise en ce qui concerne les prestations de services offertes par les ministères. Qu’on en juge : très satisfaisantes (26,16%), plus ou moins satisfaisantes (38, 37%), peu satisfaisantes (20,35%), pas du tout satisfaisantes (12,21%). En tête de liste de l’insatisfaction figure le ministère du Tourisme et de l’Artisanat avec 87,50%.
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