«La Fintech et les banques tunisiennes», tel est le thème du séminaire organisé, ce matin, par l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et KPMG Tunisie, en présence de Marouane El Abbassi, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Ahmed El Karm, président de l’APTBEF, Moncef Boussanouga, président de KPMG Tunisie, ainsi que des représentants de KPMG France, des banquiers et des experts en la matière.
Dans son allocution d’ouverture, Marouane El Abbassi a annoncé que la croissance exponentielle des montants levés par les Fintech dans le monde, passant de 988 millions de dollars en 2008 à 24,7 milliards de dollars en 2016, témoigne de leur importance. De ce fait, la BCT est engagée dans le développement des Fintech et de la blockchain en Tunisie, vu que l’innovation est avant tout une question de volonté et d’intelligence.
Consciente des énormes opportunités liées aux Fintech en matière de digitalisation et d’inclusion financière, la BCT est, selon ses dires, favorable à ces entreprises, mais en tant que régulateur elle reste attachée à une vision équilibrée dans laquelle les risques sont appréhendés de manière à préserver un fonctionnement simple du système financier. C’est pourquoi, la stratégie de la BCT se base à la fois sur un leadership et un partenariat avec tous les acteurs en la matière et également sur la nécessité d’assurer une veille.
A cet égard, M. El Abbassi a affirmé que la création récente par la BCT d’un laboratoire dédié à la Blockchain est une occasion de développer une connaissance partagée avec l’écosystème pour bien maîtriser ces nouvelles technologies, d’une part, et pour ne pas vider l’innovation, d’autre part. En matière de leadership, l’organisation, au cours du mois de mai 2018, de l’Africa Blockchain Summit par la BCT, en collaboration avec Paris Europlace et une Fintech locale, est un autre signal fort de l’engagement de l’institut d’émission. D’ailleurs, le hackathlon qui sera organisé au cours de cette conférence de haut niveau permettra de concevoir les applications basées sur cette technologie et qui seraient utiles pour les banques centrales et les institutions financières du continent africain.
Dans le domaine de la veille, le gouverneur a précisé que la BCT s’engage à renforcer la coopération et les échanges avec les autres régulateurs financiers et les autorités publiques, notamment celles en charge de la sécurité des systèmes d’information. Tout sera fait pour que la transition se fasse sans préjudice pour la stabilité du système financier.
La BCT travaille activement en vue de finaliser les textes réglementaires nécessaires afin que les établissements de paiement introduits par la nouvelle loi bancaire puissent démarrer leur activité dans les meilleures conditions. Cette nouvelle catégorie d’acteurs pourrait apporter, selon ses propos, une contribution essentielle au développement et à la modernisation des systèmes de paiement en Tunisie.
Dans le même sillage, il a estimé que le projet de loi sur le crowdfunding va permettre le lancement d’une plateforme internet dédiée au financement participatif sous formes de dons, de prêts ou de participations.
Au final, il n’a pas manqué de mentionner que la BCT a ainsi élaboré une feuille de route fixant les orientations stratégiques du De-cashing qui a pour objectif d’aider les autorités à développer un écosystème de paiements digitaux susceptible d’améliorer l’inclusion financière, de conférer plus de transparence et d’efficacité aux systèmes de paiement et de réduire les coûts, et ce, grâce à la mise à niveau de l’infrastructure des paiements, la gestion des risques et la promotion de la culture financière.
De son côté, Ahmed El Karm a indiqué que le système bancaire dans le monde et en Tunisie vit une mutation profonde, soulignant que 40% des fonctions bancaires dans le monde seront, dans les prochaines années, métamorphosées et que demain les choses vont changer. Le système bancaire tunisien est impliqué et concerné, d’après M. El Karm, par ces mutations.
« Les Fintech constituent une nouveauté dans le paysage financier international et ce sont des entités que nous pouvons définir en tant que startup qui profitent de microsystème qui est très favorable pour réussir une révolution et une rupture avec les pratiques anciennes et garantir un service meilleur et à moindre coût », a t-il déclaré.
Et d’ajouter qu’annuellement, il y a au moins l’équivalent de 30 milliards de dollars dans le monde qui sont investis dans les opérations et solutions Fintech. « Ces mutations là nous posent des questions essentielles: Quid de l’importance de la Fintech? Quid des défis du système financier mondial et tunisien? Quels sont les types de relations qui vont être engagés entre les Fintech et les banques?
En réponse à ces interrogations, Ahmed El Karm a fait savoir que « c’est à nous maintenant, en Tunisie, de concevoir une stratégie pour tout d’abord développer les Fintech en harmonie avec le développement bancaire, tout en garantissant l’intérêt du client et du financement de l’économie nationale; et c’est à nous de faire des Fintech un instrument efficace pour le développement du système financier et bancaire », conclut-il.
Classement mondial des 100 Fintech leaders dans le monde 2017/2018
Pour la quatrième année consécutive, KPMG France a publié son Classement mondial des 100 Fintech leaders dans le monde. L’édition 2017 a démontré que l’industrie Fintech continue de s’internationaliser avec 29 pays représentés dans ce classement, contre 22 pays en 2016. L’Europe représente 41% du TOP 100 et les Fintech européennes dominent dans la Fintech «Emerging 50».
Ce classement a dévoilé qu’en 2017, la Chine continue de dominer avec cinq Fintech dans le TOP 10, à savoir Ant Financial, ZhongAn, Qudian, Lufax, JD Finance. L’entreprise chinoise Ant Financial, qui conserve sa place de leader acquise en 2016, propose des services de paiement online et offre une plateforme mondiale de transactions financières en utilisant les technologies internet mobile et cloud computing.
Pour les Fintech qui proposent des services de prêts et de paiements, elles continuent d’être les plus représentées dans le classement 2017, avec respectivement 32 et 21 entreprises retenues. Et comme en 2016, 12 Insurtech figurent dans le classement.