Dans son numéro 60, paru au mois d’avril 2018, le magazine français « 60 Millions de consommateurs » annonce que des analyses d’échantillons de deux marques d’huile d’olive tunisienne destinée à l’exportation ont révélé la présence de phtalates (déchets de plastique). Encore un coup dur pour un produit tunisien.
Pas besoin d’être un devin pour savoir qu’il s’agit d’une campagne de dénigrement contre l’huile d’olive tunisienne dont la réputation et la qualité irréprochables ne sont plus à démontrer. Cependant, suite à la publication de l’article, un certain nombre de remarques s’impose: n’est-ce pas un devoir patriotique que de défendre nos produits nationaux? N’est-il pas temps de créer un centre d’intelligence économique, une instance de veille et de protection de nos produits du terroir et autres?
A l’inverse, les propos du magazine sont une nouvelle reconnaissance pour l’huile d’olive tunisienne étant donné qu’il affirme aussi dans le cadre du même article que suite à des analyses effectuées sur plusieurs marques d’huile tunisiennes, il s’est avéré qu’elles ne contiennent pas de résidus de pesticides.
Cependant, c’est loin d’être innocent et encore moins un pur hasard si cette information a été relayée à un moment où la Tunisie est en pleine campagne oléicole et surtout quand le pays a des difficultés d’écoulement, alors que le concurrent espagnol dispose d’une récolte abondante. Que dire? Publier ce genre d’information maintenant n’est qu’une tentative flagrante de porter un coup fatal au produit tunisien, du moins dans le contexte actuel. A cela s’ajoute que le magazine « 60 Millions de consommateurs » n’est pas aussi indépendant qu’il le prétend. C’est un magazine proche des milieux gouvernementaux français. Ce geste, à tout le moins inélégant, rappelle le double discours de la France : d’une part on nous parle de soutien à la transition économique et politique et de l’autre, la presse française nous surprend avec des articles orientés.
La Tunisie a déjà fait face à plusieurs attaques indécentes, même avant 2011: la première avait ciblé l’activité touristique qui est l’un des fleurons de l’économie tunisienne. Radios et certaines chaînes TV françaises avaient rivalisé d’ingéniosité pour peindre un tableau le plus sombre possible de notre tourisme. Au final, il s’est avéré qu’un pays voisin avait commandité cette campagne en sa faveur pour booster son tourisme.
La deuxième campagne a visé la chirurgie réparatrice en Tunisie à un moment où les Européens venaient spécialement pour subir ces opérations en Tunisie pour deux raisons : les compétences médicales tunisiennes et les prix alléchants comparés à ceux pratiqués en France. Les médias français n’ont pas trouvé mieux que de s’attaquer à ce fleuron via des reportages montrant des «fautes médicales commises par des chirurgiens tunisiens.» Plus tard, il s’est avéré que cette campagne avait été lancée par le lobby des chirurgiens français.
Cette situation démontre bel et bien que la Tunisie manque d’un organisme destiné à l’intelligence économique. C’est un problème vital pour le pays de se doter de tous les instruments nécessaires pour parer à ces attaques et en identifier l’origine. A quand la création d’un centre d’intelligence et de veille économique? A bon entendeur…