La première édition du Forum de Tunis du roman arabe, sur le thème “Le roman : la capacité de changer”, tenue les 3, 4 et 5 mai à La Cité de la Culture a été une réussite incontestable : des débats de très haut niveau, une programmation variée et la présence de romanciers célèbres en provenance de plusieurs pays arabes. Organisé par la Maison du Roman (structure unique dans son genre dans le monde arabe, dédiée au roman et dirigée par le romancier Kamel Riahi), l’événement a réussi à relever plusieurs défis culturels et littéraires. Retour sur une réussite culturelle.
Le premier défi du Forum de Tunis du roman arabe est celui du public : plus de 300 personnes par jour pour écouter et échanger avec des romanciers et des critiques venant de plusieurs pays arabes. Cela montre bel et bien que la littérature, et plus particulièrement le roman, ont leur public contrairement aux cassandres qui prétendent que la littérature n’a plus sa place en cette époque de digitalisation tous azimuts. En fait, l’événement porte en lui les germes de sa pérennité.
Le deuxième défi est celui de l’image et de la réputation culturelle de la Tunisie, car les organisateurs ont prouvé que la Tunisie est capable d’organiser des événements culturels de très haut niveau et d’inviter des sommités littéraires pour un public averti. Plusieurs invités ont été agréablement surpris par l’architecture de la Cité de la Culture, tel l’invité d’honneur de la première édition, le romancier libyen Brahim El Kouni.
Le troisième défi est de réussir à susciter le débat sur l’avenir du roman, à travers trois pistes de réflexion:
- La capacité du roman d’apporter un changement à travers deux questions essentielles : le roman a-t-il pu changer les sociétés arabes? Le roman a-t-il contribué à la construction de la conscience collective arabe?
- Egalement le Forum s’est focalisé sur le roman arabe face aux mutations et aux crises politiques. Les intervenants se sont interrogés sur l’écriture de la guerre et la guerre civile dans le roman arabe et comment le romancier arabe lutte, à travers la fiction, contre les régimes totalitaires et comment il décrit les crises politiques.
- Pour la troisième piste de réflexion, les intervenants sont revenus sur les dangers qui guettent le roman arabe : le manque de critique littéraire, la censure, l’autocensure, le fanatisme religieux et la dictature.
Durant trois jours, des écrivains venant du Maroc, d’Egypte, d’Algérie, du Yémen, du Koweït, du Liban, de Libye, d’Irak et du Soudan ont créé un véritable dynamisme littéraire et culturel au sein de la Cité de la Culture.
Le troisième et dernier jour du Forum de Tunis du roman arabe a été clos en beauté, et ce, par l’inauguration officielle de la Maison du roman. Faut-il encore rappeler que tous les ministres de la Culture de l’après-révolution ont refusé de concrétiser ce projet proposé par le romancier Kamal Riahi, à l’exception de l’actuel ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, qui a cru au projet et l’a concrétisé en l’abritant à la Cité de la Culture. Une première dans le monde arabe- à l’instar de la Maison de la poésie fondée en 1983- cet espace sera dédié à la recherche, aux études, aux rencontres- débats sur les romans tunisiens et arabes.
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