Quelles conclusions peut-on tirer des élections municipales? Ahlem Hachicha Chaker, Directrice Exécutive de l’Institut des Politiques du Parti Machrou3 Tounes, a rappelé qu’aucune analyse des résultats des élections municipales ne peut se faire sans les résultats locaux officiels et détaillés. C’est ce qui donnera la nouvelle cartographie politique et un fait est établi : elle est nouvelle.
La première conclusion évidente à tirer de ces résultats est que les électeurs tunisiens veulent « autre chose ». La forte abstention le prouve. Autre preuve, selon Mme Hachicha Chaker, une offre alternative aux partis au pouvoir a été présentée et les électeurs ont choisi cette voie, l’alternative politique. Elle précise: « Elle commence à se former et sera le terreau de la nouvelle classe politique. C’est justement cette classe politique qui ne découle pas du système Ben Ali, de la donne pré-révolution, qui gagne du terrain et se projette dans l’avenir, contrairement à ceux qui sont ancrés dans le passé et dont le réservoir électoral est en constante érosion. Et c’est cela la bonne nouvelle. La démocratie est en marche et le temps joue pour nous. »
Le taux d’abstention
Elle déclare: « L’abstention est un des choix offerts à l’électeur, c’est le choix qu’il a fait pour exprimer qu’il attendait autre chose. Il attendait autre chose des forces au pouvoir, autre chose de cette campagne, autre chose du processus politique. L’électeur veut une meilleure alternative. Il veut un choix plus crédible et plus proche de lui. Les résultats obtenus par les listes non issues des partis au pouvoir le confirment. »
Par ailleurs, le parti Machrou3 Tounes a fait les observations suivantes : le processus qui a précédé les élections municipales a connu plusieurs insuffisances (problèmes internes à l’Instance supérieure indépendante pour les élections, retard accusé pour le vote du Code des collectivités locales, mauvaise gestion par l’instance de la campagne entraînant l’absence d’un débat national sur les municipalités et leurs rôles), en plus de facteurs structurels tels que la crise économique et sociale, l’absence de vision politique saine, la prévalence des intérêts partisans sur la neutralité des institutions de l’Etat. Tout cela a décuplé le désengagement des citoyens de la scène publique, ce qui a été confirmé par le taux de participation très faible à ces élections.
Tous les indicateurs ont montré que les Tunisiens et les Tunisiennes ont sanctionné les partis au pouvoir suite au bilan négatif de leur exercice, et il est regrettable de noter que cette sanction électorale touche également les institutions de la Présidence du Gouvernement, ainsi que le Gouvernement qui a abandonné sa neutralité, en prenant part à la campagne d’un des partis au pouvoir.
Il est à noter que Machrou3 Tounes a présenté, sous son étiquette, des listes dans 69 municipalités représentant 1470 sièges. Le parti a obtenu, à ce stade, 9% des sièges sur ces municipalités. Le parti a également soutenu un nombre de listes indépendantes citoyennes, 105 listes capables d’apporter un plus à la construction démocratique. Ces listes ont remporté 310 sièges, sur un total de 2106 sièges, soit 14.7%. Machrou3 Tounes remporte 12% des sièges, avec 435 sièges sur les 3576 sur lesquels le parti était en lisse. Ces résultats préliminaires ne prennent pas en compte la participation de Machrou3 Tounes dans le cadre de l’Union civile.