Deux jours après la tenue des premières élections municipales, quelles sont les conclusions préliminaires. Tel est l’objectif de la conférence de presse organisée par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne.
Fabio Massimo Castaldo, chef observateur de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) en Tunisie, a souligné: « Ces élections vont contribuer à enraciner la démocratie au niveau local et constituent un pas historique dans la réalisation de la décentralisation prévue par la Constitution de 2014 ».
Qualifiant le scrutin de crédible, il a mis l’accent sur certaines faiblesses techniques et la faible participation des jeunes qui est, selon lui, « un sujet de préoccupation ». Il précise dans ce contexte: « Ce sont des données qui incitent à réfléchir sur le plan réglementaire, législatif et politique. Nous avons remarqué un pourcentage considérable de jeunes entre 17 et 21 ans qui ne sont pas inscrits dans le registre électoral. Ce qui prouve un désintérêt manifeste vis-à-vis de la vie politique. »
Selon lui, pour faire face à ce désintérêt, il est important de trouver des solutions à deux niveaux. Sur le plan technique: penser à un système qui incite les jeunes à vouloir s’inscrire et penser à l’éducation civique, comprendre la définition d’être citoyen, le droit à la citoyenneté.
L’autre point évoqué est l’absence d’encadrement détaillé du pouvoir de l’ISIE en matière d’annulation des résultats. Fortement fragilisée par une crise qui a affecté le fonctionnement del’ISIE, M. Castaldo a ajouté à ce propos: « Nous avons constaté des défaillances logistiques au niveau de certains bureaux de vote. »
Qu’en est-il des sanctions lors des campagnes électorales?
Le chef observateur a répondu: « Il y a d’abord l’ISIE qui a un pouvoir très étendu d’évaluation. La sanction peut aller de l’amende jusqu’à l’annulation des votes dans certains bureaux. On observera aussi la façon dont l’ISIE exerce son travail. C’est un signal très important pour l’évaluation générale des élections ».
« Le déploiement d’une mission d’observation électorale de l’Union européenne pour des élections municipales, assez exceptionnel, démontre l’engagement de l’UE aux côtés du peuple tunisien dans le processus de consolidation de la démocratie », a fait savoir M. Castaldo. Il a présenté la déclaration préliminaire de la MOE UE Tunisie 2018, en présence de Santiago Fisas Ayxela, chef de la délégation du Parlement européen, qui souscrit pleinement aux conclusions de la MOE UE, en pointant la nette sous-inscription des jeunes de 18 à 21 ans. En matière de transparence, il a mis l’accent sur la difficulté d’accès aux données détaillées de l’inscription, ce qui constitue une préoccupation importante.
Il a déclaré à leconomistemaghrebin.com: « Les jeunes sont un peu déçus de la situation socio-économique du pays. La jeunesse tunisienne est remarquable, elle est désenchantée par rapport aux partis politiques au pouvoir ».
« La démocratie n’est pas un acquis pour toujours, vous avez lutté vous les Tunisiens pour avoir cette démocratie, alors il ne faut pas reculer, il faut s’engager et la meilleure façon de dire que je suis démocrate c’est d’aller voter », conclut-il.
En conclusion, des étapes essentielles restent encore à accomplir, notamment l’annonce des résultats et le traitement du contentieux éventuel. La MOE UE reste en Tunisie et publiera ultérieurement un rapport final comprenant une analyse complète du processus et des recommandations pour les futures élections.
Notons que 124 observateurs de l’UE sont déployés sur tout le territoire tunisien, aussi bien dans les zones urbaines que rurales.