Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, le politologue Hatem M’rad a indiqué que l’accès des indépendants à la première position aux Municipales, devant le Mouvement Ennahdha et Nidaa Tounes, est un véritable choc pour ces deux partis politiques au pouvoir. Analyse.
Le Professeur Hatem M’rad a rappelé pour son analyse e que les listes indépendantes ont obtenu 32,27% des suffrages, suivies d’Ennahdha (28,64%), puis Nidaa Tounes (20,85%). Pour lui, si les indépendants ont pu réaliser ce résultat, c’est grâce à l’approche de proximité qu’ils ont adoptée lors de leurs contacts avec les électeurs, tel le porte-à-porte. Dans le même contexte, notre interlocuteur a indiqué que contrairement à la présidentielle et aux législatives, les municipales ne nécessitent pas la mobilisation de grandes ressources financières ou humaines. Financièrement, elles sont à la portée des indépendants.
Analysant la victoire des listes indépendantes, Hatem M’rad considère qu’elles ont pour caractéristique principale d’être apolitiques, d’où la sympathie des électeurs déçus par les promesses non tenues des partis politiques au pouvoir et autres. De plus, les indépendants semblent plus proches des principes de la révolution, loin des joutes politiques populistes.
Pour étayer ses propos, il cite deux exemples pertinents: la liste indépendante d’«Al-Afdhel» de l’Ariana (38,45% des voix), menée par Fadhel Moussa et la liste indépendante «La Marsa change» (35,21% des voix), menée Slim Mehrzi.
Slim Mehrzi, rappelle Hatem M’rad, est un pédiatre très connu à La Marsa, jouissant d’une bonne réputation et Fadhel Moussa est un juriste très connu, depuis qu’il était membre de l’ANC et ancien Doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, en plus d’être un farouche défenseur des libertés et des droits de l’Homme.
Quant au taux d’abstention aux municipales, Hatem M’rad a indiqué que généralement les municipales, contrairement aux législatives et à la présidentielle, ne drainent pas beaucoup de monde. Il suggère de relativiser ce taux d’abstention, surtout que trois gouvernorats ont connu un taux de participation des plus respectables, à savoir Mahdia (41%), Zaghouan (43%) et Monastir (46%).
A notre question, quels enseignements pouvons-nous tirer des résultats des municipales? Hatem M’rad estime qu’elles sont une alerte pour les partis au pouvoir qui ont intérêt à corriger le tir, car ce scénario pourrait se représenter en 2019. De plus, les municipales ont mis en évidence le poids réel d’un certain nombre de partis politiques tels Machrou3 Tounes (1,44%) et Afek Tounès (1,06%).
En conclusion, Hatem M’rad affirme que le tsunami des municipales a changé la donne politique: désormais le jeu politique local a son poids sur la scène nationale. A bon entendeur…
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