Invité sur les ondes radiophoniques, l’expert en économie, Ezzeddine Saidane, s’est montré critique à l’égard de l’Accord de Carthage, tout en estimant que la conjoncture actuelle du pays nécessite un changement fondamental qui soit fait dans le cadre d’un consensus, autour d’un diagnostic commun signé par tous les intervenants.
Ezzeddine Saidane a affirmé que le dialogue autour de l’Accord de Carthage 2 est « une perte de temps qui ne contribue pas à l’amélioration de la situation ». D’après lui, la situation actuelle du pays ne supporte pas le dialogue et les réunions. Dans la même perspective, il a considéré qu’il s’agit d’une fausse approche qui va conduire à de fausses solutions.
Revenant sur les articles de l’accord, il a indiqué que l’Accord de Carthage comporte plusieurs démarches techniques et administratives. Et de rappeler que « ses signataires ne sont pas habilités pour ce genre de mesures «car c’est le travail de l’administration». Ainsi, il recommande de faire un diagnostic commun signé par tous les partenaires avant de passer aux réformes majeures. Sur un autre volet, il a considéré qu’il faut faire l’évaluation du travail du gouvernement actuel.
Par ailleurs, Ezzeddine Saidane a rappelé que la situation économique est très critique ce qui contraint les délégations du FMI à venir pratiquement chaque trois ou quatre mois en Tunisie, pour faire un diagnostic de la situation. A cet égard, il a rappelé que le FMI est le dernier refuge d’un pays qui se trouve incapable d’honorer ses dettes et incapable de recourir à d’autres bailleurs de fonds.
Pour mieux expliquer la gravité de la situation, il a rappelé qu’il était prévu de sortir sur les marchés internationaux au mois de mars, mais que cela n’a pas été fait étant donné que les indicateurs économiques ne le permettent pas. Et de rappeler qu’en avril 2017, la Tunisie est sortie sur les marchés internationaux pour lever un milliard de dollars, mais elle n’a pu lever que 850 millions de dollars.
Ezzeddine Saidane pointe du doigt un problème politique
L’intervenant estime, entre autre, que le problème actuel en Tunisie est un problème politique. Et d’affirmer que la Tunisie a besoin d’un leader politique qui pense à la Tunisie uniquement et ne pense guère à sa carrière politique. «Je n’ai pas vu ce profil en Tunisie» regrette-t-il. Si on avait appliqué les articles de la Constitution- malgré ses défauts- tout cela n’aurait pas eu lieu, surtout que la Constitution accorde toutes les prérogatives au Chef du gouvernement. Dans le même cadre, il a rappelé que l’ancien président allemand, Gerhard Fritz Kurt Schröder, a fait de son mieux pour le redressement de l’économie allemande, sans se soucier de son avenir politique. Il s’est présenté pour un deuxième mandat, mais il a échoué, cependant il est maintenant parmi les personnalités les plus respectées dans le monde.
Il a affirmé,aussi, que les réformes ont un coût, «mais il faut supporter les coûts de la réforme quand cela émane de nous plutôt que quand cela émane des bailleurs de fonds et des institutions financières internationales» dit-il. Sur un autre volet, il a indiqué que l’UGTT doit comprendre l’ampleur du problème et ne pas entraver les réformes, « je sais que l’UGTT est une organisation patriote ».
Ezzeddine Saidane a rappelé que depuis l’indépendance, la Tunisie a respecté tous ses engagements et n’a pas eu recours au rééchelonnement des dettes, «c’est un acquis que la Tunisie ne doit pas perdre». Ezzeddine Saidane a regretté que la Tunisie dispose de moins de 75 jours d’importation en médicaments et en alimentation.
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