Les urnes ont parlé. Les élections municipales ouvrent-elles une page d’incertitude, annonçant une remise en question des rapports de force, à la veille des élections parlementaires et présidentielles ? Sommes-nous en présence d’une rhétorique de changement de régime ?
Nous n’en sommes pas là. Mais les élections ont affirmé une aspiration au changement. Faisant valoir une rupture et non une continuité de la gestion gouvernementale. Les acteurs de « la révolution » ont pris conscience de l’occultation de leurs attentes.
Le gouvernement « d’union nationale » n’a pas livré ses promesses. Le citoyen tunisien remarque l’échec de son action sur le pouvoir d’achat, sur la précarité et le chômage. Les effets d’annonce tardent à s’inscrire sur le terrain.
Des observateurs remarquent la mutation de certains dirigeants, en carriéristes, obsédés par la sauvegarde des sièges, transgressant les discours de leurs partis. En tout cas, les manœuvres de positionnement et les tiraillements des dirigeants marquent la scène politique. Diagnostic d’un observateur : « L’économie officielle s’endette, alors que l’économie parallèle se renforce ».
Homme d’intuition, le président Béji Caïd Essebsi a réalisé “la situation d’impasse”, la nécessité de réconcilier les Tunisiens avec la politique, après les déboires des élections municipales et les risques de dérive. Sa convocation des partenaires de « l’union nationale » et l’organisation d’un dialogue, en vue d’élaborer une feuille de route s’inscrivent dans ce contexte. Le débat, entre les composantes de Carthage 2 a été très riche. Il a redéfini les priorités et mis à nu certaines insuffisances. On évoqua même un éventuel remaniement ministériel. La remise en cause de l’alliance Nida/ Ennahdha, appelée diplomatiquement simple concordance, par ses acteurs, serait-elle à l’ordre du jour ?
Ultime décision du président, le 14 mai, il affirme que le remaniement ministériel est exclu. Mais que le gouvernement actuel sera chargé d’appliquer la nouvelle feuille de route. Cette mesure conforte la stabilité et dispense le pays d’une perte de temps, d’une nouvelle épreuve de stage d’une nouvelle équipe, alors qu’il est appelé à prendre des mesures d’urgence.
Pari évident, ce gouvernement serait-il en mesure d’adopter un programme d’action, différent de sa gestion actuelle ? Dispose-t-il des compétences requises ? Pourrait-il faire face à la culture de protestation, alors qu’il est appelé à engager des réformes difficiles et à renier toute stratégie populiste et sans lendemain?
[raside number= »3″ tag= »Accord de Carthage « ]