Le mois du Ramadan s’apprête à rythmer différemment nos habitudes alimentaires et sociales. Le ministère du Commerce a tenu à rassurer la population en affirmant que toutes les dispositions d’approvisionnement et de maintien des prix à des niveaux convenables avaient été prises pour ce mois sacré. Une mesure qui fait craindre un problème persistant et récurrent dans notre société qu’est le gaspillage alimentaire.
Ce mois de jeûne pour la plupart des Tunisiens, est l’occasion de repas festifs, colorés, variés et nombreux. Le questionnement de soi et le recueillement pendant cet état de jeûne ne sont plus au goût du jour, si tentés qu’ils l’aient été un jour. Le jeûne présente des vertus médicinales relayées par tous les médecins mais au pays de Carthage, tout est différent comme si nous nagions à contre-courant du reste du monde.
Le mois de jeûne est le mois où la dépense alimentaire explose alors que sa vocation est de réduire l’alimentation de chacun pour nourrir les plus nécessiteux. Les vertus expiatoires de ce sacrifice ne parlent plus ou peu à nos consciences morales anesthésiées par un modèle consumériste effréné dans lequel nous avons sombré.
Et le comble dans cette défaillance morale collective, c’est que nous réussissons la contre-performance de nous alimenter davantage qu’à l’accoutumée ce qui, il faut bien le reconnaître, pose question sur notre compréhension des préceptes de ce mois béni. La générosité et l’altruisme ont disparu de notre vocabulaire alors que c’est la vocation première de ce mois sacré. Et le scandale innommable qui se reproduit chaque année pendant cette période est le gâchis alimentaire se caractérisant par des kilos et des kilos de viandes, de légumes et de denrées alimentaires en tout genre qui finissent aux ordures. Un déshonneur qui ne nous grandit pas bien au contraire et qui révèle, soyons franc, le côté obscur de ce que nous sommes, c’est-à-dire des individus obnubilés par un égoïsme exacerbé où notre confort et bien-être deviennent le centre le gravité de notre existence.
Etait-ce donc nécessaire de garantir des niveaux de prix bas pendant ce mois saint comme si la priorité était de se goinfrer alors que des prix raisonnables tout le reste de l’année auraient été plus judicieux pour offrir un niveau de vie convenable au commun du citoyen ? La réponse est bien évidemment l’affirmative mais encore faut-il la volonté politique de s’attaquer à ces phénomènes de spéculation et de contrebande alimentaires qui mettent les prix sous tension toute l’année.