Avec le départ d’Awatef Saghrouni, la Télévision tunisienne n’a pas de dirigeants; entendez de premier dirigeant effectif : le PDG, Abderrazek Tebib, PDG de la Radio Tunisienne (RT), l’autre service public de l’audiovisuel, assure un intérim et le directeur d’Al Watanya 2, Imed Barboura, a été limogé en février 2018.
« Rien n’est réel sauf le hasard ». La phrase est de l’écrivain américain Paul Auster. Elle vient sans doute à point nommé pour décrire des mois de négligences qui ne peuvent à terme que conduire à la déchéance du service public de télévision.
Hasard du calendrier, le mois de Ramadan commence, donc, dans ce secteur vital du paysage audio-visuel tunisien (PAT) par la démission de la directrice de la première chaîne de la Télévision Tunisienne (TT), Al Watanya 1, Awatef Saghrouni.
Quoi de plus normal, pourrait-on dire. Il ne s’agit ni de la première, ni encore de la dernière démission d’un responsable d’un domaine, les médias, où la valse des responsables fait partie, pour ainsi dire, de son ADN.
Bien avant la révolution du 14 janvier 2011, les PDG, Directeurs Généraux ou encore les Directeurs travaillant dans ce domaine savent dès le moment où ils s’installent qu’ils sont sur des sièges éjectables.
Le problème n’est pas pour ainsi dire là. Il est dans le fait que, avec le départ d’Awatef Saghrouni, la Télévision Tunisienne n’a pas de dirigeant ; entendez de premier dirigeant effectif : le PDG, Abderrazek Tebib, PDG de la Radio Tunisienne (RT), l’autre service public de l’audiovisuel public, assure un intérim et le directeur d’Al Watanya 2, Imed Barboura, a été limogé en février 2018.
Situation kafkaïenne qui intervient en cette veille de Ramadan, connu pour être un mois au cours duquel un média audiovisuel donne le meilleur de lui-même et doit disposer pour cela d’un manager effectif; comprenez, comme le dit du reste le dictionnaire, concret, réel et tangible.
Inutile de préciser que ce vécu n’est que le résultat de plusieurs mois de négligence – peut-on utiliser un autre terme- de la part de l’autorité de tutelle : la Présidence du gouvernement, qui veille à la bonne marche de l’audiovisuel public. Inutile de préciser, dans ce cadre, que l’ancien PDG de la Télévision Tunisienne, Elyes Gharbi, limogé en juin 2017, n’a pas été remplacé. Deux responsables ont assuré son intérim, Abdelmajid Meraïhi et évidemment Abderrazek Tebib.
On se demande du reste pourquoi le second a remplacé le premier si c’est pour assurer l’intérim d’un intérimaire.
Est-ce bien normal ? Est-ce si difficile de trouver successeur à Elyes Gharbi ? On sait que le secteur ne manque pas de compétences. Et parmi eux- évidemment- tous ceux qui n’ont pas travaillé sous l’ancien régime. Est-ce dû à l’indécision ou à une guerre larvée entre la Présidence du gouvernement et la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) sans laquelle rien ne peut être en la matière fait ?
Il va de soi que chacun peut aller de son explication et de son commentaire. L’essentiel est qu’on trouve solution à ce qui ressemble bien à une gabegie. Notamment à un moment où le service public va au plus mal.
Il suffit pour s’en convaincre d’observer la programmation du mois de Ramadan d’Al Watanya 1 et d’Al Watanya 2 marquée par des rediffusions et par une pauvreté des productions locales, notamment au niveau des fictions.
Nous y reviendrons.
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