La Tunisie s’enfonce encore un peu plus dans des prêts pharaoniques auprès des instances internationales. Cette fois, c’est au Fonds Monétaire Arabe (FMA) que Youssef Chahed a fait les yeux doux pour solliciter quelques lignes de crédits, 300 millions de dollars exactement, comme si notre endettement actuel ne suffisait pas à nous mettre la tête sous l’eau pendant longtemps.
La dette de notre pays s’établit aujourd’hui à 70 % du PIB, ce qui est considérable au vu des perspectives économiques moroses qui fragilisent toujours un peu plus notre solvabilité devant les créanciers internationaux.
Notons que le Fonds Monétaire International (FMI) a décaissé en notre faveur la dernière tranche de prêt qui se chiffre à 257,3 millions de dollars. Nos gouvernants ne se sentent vraisemblablement pas comptables de la signature qu’ils apposent sur ces contrats de prêts. Pourtant, c’est bien nous, contribuables, qui allons rembourser, au prix de sacrifices douloureux, ces prêts, intérêts et capital.
Et le drame dans cette spirale infernale de l’endettement, c’est que ces prêts ne sont même pas injectés dans la réalisation de projets qui seraient les investissements de demain auquel cas une telle décision serait économiquement et stratégiquement acceptable. Mais en réalité, et contrairement aux déclarations de façade, ces prêts délirants serviront pour une bonne partie à honorer les dépenses de fonctionnement de l’Etat et des collectivités. Cette fuite en avant dans l’endettement sans fin est la conséquence logique de la gestion calamiteuse de l’argent public. On sait à l’avance que ces prêts du FM ne seront jamais remboursés, ce qui nous contraindra in fine à brader des pans entiers de notre industrie et de nos richesses naturelles.
Les recettes fiscales sont en effet à la traîne, ce qui n’étonne personne vu l’ampleur de l’économie informelle dans notre pays. La fraude, la contrebande et toutes les activités qui échappent au contrôle du fisc sont devenues des sports nationaux, ce qui mécaniquement met l’Etat dans une posture intenable face à ses créanciers.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, notre cher dinar qui fut un temps notre fierté, se négocie désormais à 2,5 dollars sur le marché interbancaire et la tendance baissière du dinar n’arrange rien car ces contrats de prêts sont libellés en dollar. Or, le dinar perdant du terrain quasiment chaque jour sur le marché des devises, cela rend le coût de la dette que nous avons contractée plus cher qu’à sa signature.
On peut raisonnablement penser que le scénario grec n’est plus très loin de chez nous. Nous ne disposons malheureusement pas d’un Etat stratège et l’impôt, quant à lui, n’est plus perçu comme un vecteur de réduction des inégalités par son effet redistributif. Ces deux éléments suffisent donc à condamner la Tunisie à un avenir aussi incertain que compromis.