Sept ans après le 14 janvier, le football tunisien traverse une réelle crise. Les violences persistent durant les matchs. Entre les jets d’eau, les bagarres entre supporters, un joueur qui bouscule un arbitre ou son adversaire, les voitures caillassées ou vandalisées après les matchs. En somme, les problèmes de violence sont toujours d’actualité.
Voilà que dans la soirée du vendredi 18 mai, le stade de Radès a connu une fois de plus un mouvement de panique entre les supporters de l’équipe de Gafsa et ceux de l’équipe de Ben Guerdane. Ce qui a conduit à la suspension du match après le forfait des Gafsiens quand ces derniers ont exigé un penalty en première période, appuyés par les deux députés gafsiens Ammar Amroussia et Sofiene Toubal qui n’ont pas hésité à fouler la pelouse pour exiger de l’arbitre de revoir sa décision.
Le phénomène a besoin d’une approche sociologique et psychologique pour appréhender ce phénomène dans sa complexité. Insaf Robbana, psychologue, a évoqué trois formes de violence : violence verbale, violence visuelle et la violence proprement dite lors du passage à l’acte . Elle souligne: “Dans la rue il y a les injures. Dans les stades, même pour exprimer sa joie on vandalise les sièges et autre matériel public. A la télévision la violence est présente dans les débats, dans les feuilletons et dans les séries.” Et de poursuivre: “Le fait est que la famille n’arrive plus à jouer son rôle. On ne peut s’en sortir sauf si il y a un éveil au niveau de toute la société pour revoir de fond en comble le système éducatif”.
Que ce soit à Tunis ou ailleurs, la violence ne se manifeste pas que dans les stades, les moyens de transport en ont pris pour leur grade aussi, tant et si bien que la TRANSTU a décidé de suspendre plusieurs lignes du métro à l’issue d’ actes de vandalisme inqualifiables survenus dans la soirée du jeudi 17 mai en début de soirée.
Egalement, dans plus d’une région, on relève de plus en plus des actes d’agression physique, sans parler de l’agression verbale qui se déclenche pour des motifs souvent futiles, décrit une étude menée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux FTDES.
Cette recrudescence des cas de violence inquiète l’opinion publique : tel le cas de cet élève qui a menacé à l’arme blanche un enseignant ou le cas de cette infirmière qui accompagnait un patient dans une ambulance, à Hajeb Laayoun, située à 60 kilomètres au sud-ouest de Kairouan, qui a été victime d’agression physiques et verbale par des énergumènes qui ont brisé les vitres du véhicule. Sans parler des cas d’incendie d’origine criminelle et tant d’autres faits divers…
Il est clair que ces violences ont des conséquences extrêmement graves pour la société. La répression est-elle assez dissuasive ou accentue-t-elle le phénomène ? Il est temps que les pouvoirs publics et les experts s’y penchent sérieusement car il y va de la sécurité des citoyens.