Malheureusement 2018 a commencé sa danse macabre : si le mois d’avril a été marqué par la disparition du syndicaliste et du militant de gauche Salah Zeghidi, le mois de mai a été marqué par la disparition de la militante et opposante Maya Jribi, après un long combat contre la maladie.
Un combat qu’elle a su mener jusqu’à la dernière minute avec courage, bravoure et détermination. Quoi de plus beau et émouvant que de savoir qu’elle a quitté ce monde avec un sourire (selon le témoignage de son oncle accordé à une radio privée). C’est son sourire qui a toujours triomphé, en temps de crise ou en temps de sérénité. Dur était le chemin. L’heure du repos éternel a sonné pour la lionne, après avoir vu les Tunisiens respirer amplement l’air de la liberté et de la dignité pour lesquelles elle s’est acharnée sans concession et sans compromis, après avoir contribué à la rédaction de la Constitution de 2014 et après avoir contribué à barrer la route à tous les projets rétrogrades de l’après -2011.
Il convient de rappeler trois épisodes majeurs de son militantisme. Le premier épisode est relatif à une grève sauvage de la faim qui lui a causé de graves problèmes de santé. Du 1er au 20 octobre 2007, Maya Jribi et son compagnon de route Ahmed Nejib Chebbi, ont observé une grève de la faim pour protester contre la décision judiciaire prise le 1er octobre d’expulser leur parti des locaux qu’ils occupent au centre de Tunis. La grève a porté ses fruits puisque « un compromis est finalement trouvé avec le propriétaire qui abandonne les poursuites, en contrepartie d’un nouveau contrat de bail, lui qui avait jugé abusive l’utilisation des locaux qu’il loue au journal Al Mawkif, mais qui servent en fait de siège au Parti démocrate progressiste (PDP) ».
Le deuxième épisode porte sur son positionnement dans la scène politique. En effet Maya Jribi, est aussi une femme politique exceptionnelle. Et comment? Après son élection à la tête du PDP, en décembre 2006, elle devient officiellement la première femme qui dirige un parti politique tunisien à l’époque du despotisme et l’une des rares femmes à diriger un parti politique au Grand Maghreb.
Le troisième épisode porte sur une une photo célèbre qui a gravé les esprits et les mémoires des observateurs de la scène politique de l’avant- 2011. Ils n’oublieront jamais une célèbre photo prise en 2009 par le journaliste Moez Jemaï : portant le V de la victoire, encerclée par des agents des forces de l’ordre, devant la porte de son parti, pour l’empêcher de mener une manifestation contre la présidence à vie.