L’Accord de Carthage II n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Plus de 50% des propositions de l’ UGTT ont été retenues dans la feuille de route de l’Accord de Carthage II, affirme une source bien informée à leconomistemaghrebin.com.
L’UGTT a soumis un document de 70 pages à la commission technique issue des signataires de l’Accord. Suite à plusieurs réunions entre les membres de la commission technique, le premier draft est enfin prêt. «Plus de 50% du contenu du draft sont des propositions de la centrale syndicale», avance notre source qui a affirmé que l’UGTT a exercé une certaine pression pour faire passer ses propositions. «Il ne sont pas intéressés par le programme socio-économique, ils veulent changer le gouvernent actuel», affirme-elle. Notre source a indiqué que l’UGTT a profité de la focalisation des autres signataires sur le changement du gouvernement pour faire passer ses propositions. Ce qui est nouveau dans l’Accord de Carthage II, c’est qu’il contient des mesures concrètes et applicables, fixées à long terme, ce qui facilite l’évaluation de la réalisation des mesures, contrairement au premier Accord de Carthage.
Volet politique : l’UGTT pour un gouvernement réduit
En ce qui concerne le volet politique, notre source affirme que l’UGTT est favorable à un gouvernement à nombre réduit, sans secrétaires d’Etat et dont les membres sont homogènes. La proposition de la suppression des secrétariats d’Etat serait justifiée par le fait que ces postes sont d’une certaine manière une compromission aux nominations partisanes et s’ajoute à cela qu’un secrétaire d’Etat n’a pas vraiment de prérogatives par rapport à son ministère. Dans le même sillage, notre source a affirmé que tous les secrétaires d’Etat sont en désaccord avec leurs ministres. De même, l’UGTT affirme que la compétence doit être de mise au sein du prochain gouvernement.
Volet économique : se mobiliser pour le sauvetage de l’économie
Revenant sur le volet économique, notre source a fait savoir que les propositions de l’UGTT ont ciblé, entre autres, les finances publiques et la modernisation de l’administration. Les propositions de l’UGTT concernant la justice fiscale ont été prises en considération et«il s’agit de mesures efficaces pour lutter contre l’évasion fiscale au niveau des logiciels des caisses enregistreuses». L’UGTT revendique l’application de la stratégie nationale sur l’économie informelle qui remonte à l’époque où Mehdi Jomâa était encore Chef du gouvernement, mais cette stratégie n’a pas encore vu le jour.
Par ailleurs, l’UGTT revendique de continuer la réforme fiscale qui a été suspendue depuis l’époque où Hakim Ben Hammouda était ministre des Finances. Elle demande aussi le début des discussions sur la loi organique du budget. Notons qu’il s’agit d’un projet de loi soumis à l’Assemblée des représentants du peuple depuis 2015, mais qui n’est pas encore à l’ordre du jour malgré son importance.
Par ailleurs, l’UGTT prévoit tout un chapitre dédié à la transparence et la bonne gouvernance. Dans ce chapitre, la centrale syndicale exige l’accélération du processus de la mise en place des instances constitutionnelles indépendantes à l’instar de la Cour constitutionnelle et des autres instances de contrôle. Dans le même chapitre, l’UGTT revendique l’engagement du gouvernement à publier toutes les conditions des prêts contractés au nom du peuple tunisien.
L’UGTT a prévu des recommandations pour le dialogue social et propose la mise en place de commissions régionales chargées du dialogue social régional pour accélérer la mise en place des projets de développement régional. L’UGTT recommande aussi l’accélération des démarches relatives à l’instauration de l’identifiant unique qui doit être mis en place en coordination entre le ministère des Affaires sociales et le ministère de l’Intérieur (appelé par l’UGTT identifiant citoyen) et la mise à jour de la liste des familles nécessiteuses.
Au volet social, l’UGTT propose la création d’un poste de médiateur régional entre les mouvements de protestation et le gouvernement. «Ce médiateur ne doit pas faire partie du gouvernement et doit être une personnalité de chaque région reconnue pour son intégrité», affirme-t-elle.