Les nouvelles vont vite. On parle d’ores et déjà d’une éviction du chef du gouvernement Youssef Chahed, ainsi que d’une nouvelle recomposition ministérielle, probablement dans les semaines à venir. En effet, les signataires de l’Accord de Carthage sont réunis aujourd’hui pour décider du sort de Youssef Chahed. S’il s’avère que cela se confirme, le remaniement ministériel sera-t-il basé sur les compétences des technocrates ou sur des calculs partisans?
Mongi Harbaoui, le porte-parole du parti Nidaa Tounes s’oppose au maintien du gouvernement Chahed. Autrement dit, il est favorable à son éviction.
L’enjeu est de taille. Les députés sont-ils conscients de la gravité de la situation, quatre ans après les élections législatives où les remaniements ministériels se sont succédé?
La question essentielle reste de savoir si les députés soutiendront Chahed. Cela dit, avec la réunion de l’Accord de Carthage, le Chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi se retrouve encore une fois maître de la situation. Il faudra toutefois passer le cap fixer par la Constitution, qui fixe le quorum du vote à la moitié+1 des députés de l’Assemblée des représentants du peuple.
Le gouvernement Chahed sous la loupe
Jawher Ben Mbarek, président du Réseau “Doustourna” a rappelé: « Le scénario se répète, que ce soit à l’époque de Habib Essid que maintenant avec Youssef Chahed, et nous en sommes une fois de plus témoins ».
Évoquant la fragilité du régime politique, M. Ben Mbarek a soulevé que du transfert du pouvoir des institutions constitutionnelles aux commissions n’émane rien de bon. Et de poursuivre: « Elles sont les principales causes de la défaillance du système politique qui ne respecte en aucun cas la Constitution. A mon avis, il s’agit d’une dénaturation du système politique. »
Sur un autre volet, concernant la position de l’UGTT, il estime qu’elle n’agit pas seule. « Elle est soutenue par le Chef de l’Etat Beji Caïd Essebsi et par son fils qui veulent une redistribution des cartes, alors qu’elle n’est pas dans son rôle », a-t-il indiqué.
Sabrine Goubantini, députée du bloc Wataniya, estime pour sa part qu’un tel remue-ménage dans le gouvernement de Chahed pourrait déstabiliser le pays sur le plan socio-économique et politique. Elle déclare à ce sujet: « Ce qui se passe en ce moment est une affaire personnelle entre le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caied Essebsi, et le chef de gouvernement, Youssef Chahed, qui a refusé de placer des personnes dans les municipalités, comme on le lui demandait ».