Un parfum de rigueur s’annonce dans le pays du jasmin après les déclarations de deux ministres du gouvernement qui ne sont pas passées inaperçues.
Chaque apparition télévisée ou sur les ondes radiophoniques du ministre du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale Zied Laadhari, ou du ministre des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia, est minutieusement préparée sur le plan sémantique et le message n’en est que plus clair.
Entre Zied Laadhari, qui affirme que nous vivons au-dessus de nos moyens, dans une interview du 17 mai, et Mehdi Ben Gharbia dans une déclaration du 14 mai qui prévient contre des réformes sociales difficiles, en raison de l’endettement public qui frôle l’insoutenabilité, le décor est planté.
Comprenne qui voudra. Le citoyen, lui, a bien compris la teneur de ce message pas du tout subliminal. Des coupes dans les salaires, les stabilisateurs sociaux et une pression fiscale supplémentaire sont à prévoir. Apparemment, le Tunisien n’a pas encore touché le fond, alors qu’il croyait son compte réglé avec la loi de finances 2018 qui sacrifie littéralement le salarié et les classes moyennes. Les élections municipales, avec leur cortège d’enseignements, n’ont pas fait dévier d’un iota la politique du gouvernement.
Gouvernement : sa légitimité vacille jour après jour
Pas un mot sur les injustices sociales, les inégalités des chances et des territoires, la corruption qui à elle seule, coûte chaque année quelques points de croissance. Visiblement, seule la comptabilité des chiffres compte pour ce gouvernement qui peine à se mettre au même niveau que le citoyen lambda.
Quelles mesures pour éradiquer la corruption? La mise en place du logiciel TUNEPS au sein des municipalités pour lutter contre les irrégularités d’obtention des marchés publics et des arrestations éparses ci et là de quelques barons de la contrebande sonnent creux pour un phénomène d’une ampleur inédite et vieux de plus de 30 ans?
Des milliards de dinars s’évaporent chaque année et à la clé des milliers d’emplois qui ne verront jamais le jour pour des hôpitaux en décrépitude, des écoles et lycées délabrées et une police sans moyens.
Pas étonnant qu’un sentiment de résignation domine dans un pays où semble-t-il, une révolution a chassé un pouvoir pour améliorer le quotidien et laisser entrevoir l’espoir d’un avenir pour tout un chacun. C’est plus simple en effet de taxer les carburants, les revenus du travail et d’augmenter la TVA sauf que toutes ces mesures mettent une chape de plomb sur le citoyen qui finit déjà chaque mois en position d’apnée.
L’autisme dont fait preuve les tenants de cette politique qui est aussi injuste qu’inefficace les condamnerait à sortir par la petite porte et peut être même dans un avenir proche. L’UGTT a d’ailleurs prévenu de l’éventualité de se retirer des négociations sur l’Accord de Carthage II ce qui tomberait comme un couperet pour ce gouvernement dont la légitimité vacille jour après jour.
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