Chanter les louanges des Saintes tunisiennes à travers une démarche artistique originale. Tel est le projet artistique sur lequel, la cheffe d’orchestre Amina Srarfi travaille actuellement. Intitulé Lella, le spectacle musical soufi en est au stade final, avant les festivals d’été.
Pour mener à bien son œuvre artistique, Amina Srarfi a mobilisé une équipe d’une vingtaine de personnes composée de cantatrices, danseuses et instrumentistes. D’après les informations que nous avons obtenues, Lella serait le premier spectacle dédié aux saintes dans le monde arabe et en Tunisie.
Mis en scène par Hafedh Khalifa, le spectacle est un vibrant hommage aux saintes tunisiennes et un voyage spirituel dans la mémoire collective populaire. Le titre du spectacle Lella donne déjà une piste de réflexion. Il s’agit de la femme ayant plusieurs vertus et qui a voué sa vie à l’absolu et au culte de Dieu. Faut-il encore rappeler que Lella «est un titre honorifique et un signe de distinction donné aux femmes importantes ou issues de grandes familles en Afrique du Nord. Le nom peut aussi être utilisé, de façon ponctuelle, en signe de respect».
Lella pour ne pas oublier les saintes tunisiennes
Dans ce spectacle, l’artiste invoque les âmes des saintes tunisiennes et chante leurs louanges : Lella Manoubia, Om Ezzine Jamaliya, Lella Arbya et bien d’autres. Le spectacle est une rupture avec une vieille tradition qui veut que les éloges soient réservés exclusivement aux saints de la gente masculine. Pour donner plus de vivacité et de théâtralité à son spectacle, le metteur en scène a recouru à l’actrice Leila Chebbi qui incarnera le rôle de la narratrice des histoires de quelques saintes, tout au long du spectacle. Cerise sur le gâteau: la chanteuse Nabiha Karaouli ne manquera pas de faire partie du spectacle.
Afin de lutter contre l’oubli, Amina Srarfi a fait appel à trois Maddaha (femmes chantant les louanges des marabouts et des saints en français) qui sont tombées dans les oubliettes, à savoir: Mammiya Karoui (Tunis), Hanen Kesswa (Bizerte) et Samira Ajimi ( Djerba). Ainsi, l’artiste s’est lancée dans une longue recherche esthétique et musicale pour mener son projet à bon port.
Il semble qu’Amina Srarfi n’a épargné aucun détail autour du spectacle. Même l’affiche du spectacle a été confiée au plasticien et calligraphe tunisien de renommée mondiale Nja Mahdaoui et quant au costumes du ballet, ils ont été conçus par la styliste modéliste Fatma Ben Abdallah.