La France vient d’organiser un nouveau Sommet pour une sortie de crise en Libye, dans la journée du mardi 29 mai à l’Elysée, lors de la réunion internationale sous l’égide des Nations Unies. Une première, car les quatre acteurs libyens étaient réunis, à savoir: le Maréchal Khalifa Haftar, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, le Président du Parlement Aguila Salah et le Président du Haut Conseil d’État Khaled Al-Mishri. Une rencontre inédite qui est destinée à ouvrir la voie à des élections législatives et présidentielle le 10 décembre 2018 dans ce pays. Selon Ghassan Salamé, le représentant des Nations Unies pour la Libye, il s’agit d’une réunion historique.
Mettre fin à la crise en Libye, tel est l’intérêt de la Tunisie, des pays voisins et de la France. Qu’en est-il du feed-back de cette visite? Rencontré lors du lancement officiel de la filiale ESSCA, l’Ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, qui avait accompagné Béji Caïd Essebsi à l’Elysée, est revenu sur cette visite.
Il a déclaré: « Beaucoup de pays sont préoccupés du sort de la Libye, mais il y en a certains qui s’obstinent plus que d’autres pour arriver à un accord, dont la France. Je me rappelle lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron à l’ARP, le 1 février 2018, qu’il a déclaré qu’il est important de construire les éléments de la stabilité future de la Libye. »
La France fait de la question libyenne une question centrale
Poursuivant sa déclaration, M. Poivre d’Arvor a rappelé que le président de la République française attachait une grande importance au dossier libyen, et ce bien avant sa candidature à la présidentielle. Il a fait de la question de la Libye une question centrale. D’ailleurs continue l’ambassadeur, en juillet 2017, il a réuni le Maréchal Hafter et Fayez el Sarraj avec l’idée de les faire se rencontrer. « C’était un premier processus de rapprochement de points de vue extrêmement divergents et aujourd’hui nous sommes passés à une autre dimension, avec la mise en place d’une conférence à Paris. Elle n’est pas la solution finale, mais une étape parmi d’autres ayant permis de rassembler les trois présidents qui ne sont jamais vus ensemble », a-t-il dit.
Et d’ajouter: « L’idée qui était la nôtre avait pour objectif de les réunir sur un texte, sur un accord qu’ils ont approuvé, à savoir que le 10 décembre 2018 sera la date des élections législatives et présidentielle. Un objectif sur lequel tout le monde s’est entendu avec autour de la table, en présence des principaux acteurs libyens, la communauté internationale qui est là pour garantir le processus de paix encadré par les Nations Unies avec Ghassen Salamé, l’Organisation de l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue arabe et d’autres pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, l’Allemagne; mais aussi des pays du Golfe et bien entendu la Tunisie qui est le pays le plus concerné par la situation libyenne. Et pour des raisons sécuritaires et économiques, il est impératif pour la Tunisie qu’elle puisse retrouver avec la Libye une stabilité économique. »
Selon les chiffres annoncés par M. Poivre d’Arvor, 400 mille Tunisiens qui avaient du travail en Libye ont quitté le pays. Aujourd’hui, ils auront la possibilité d’y retravailler. Il ajoute dans ce contexte: « La Libye représentait pour la Tunisie un enjeu très important, il est temps qu’il puisse le redevenir. D’ailleurs, la Tunisie a eu un écho particulier puisque le président s’est adressé à un cercle très fermé des acteurs libyens, les enjoignant à se réconcilier pour le bien du peuple libyen. » Il conclut que la présence du président tunisien a fait beaucoup sur le sujet libyen; la Tunisie étant à l’origine de l’initiative tripartite Tunisie, Egypte et Algérie.
En mot de la fin, M. Poivre d’Arvor est revenu sur l’entretien entre les présidents français et tunisien, en marge du sommet. « Cela nous a permis, le temps d’une heure, de revoir l’état de nos relations sur les dossiers économiques, le chantier des réformes, la coopération décentralisée, puisqu’on attend beaucoup des élections municipales. Car à partir du moment où les maires seront élus, beaucoup d’échanges se mettront en place entre les Tunisiens et les Français, en termes d’employabilité, de croissance et ce sont des preuves tangibles de cette coopération franco-tunisienne », a-t-il fait savoir.