La Conect International a organisé mercredi à Tunis un débat sur les entraves à l’export pour les PME tunisiennes, en présence du ministre du Commerce Omar Béhi. Ce débat nocturne a été l’occasion de présenter les résultats de l’étude élaborée avec le cabinet PRODATA sur le sujet.
Cette étude a porté sur un échantillon de 300 entreprises et avait pour objectif l’identification des freins et des obstacles auxquels font face les PME, aussi bien à leur propre niveau qu’au niveau de leur environnement. L’étude a permis de confirmer certains résultats qui ont été mis en avant lors de la première phase de l’étude, de segmenter les entreprises par rapport à l’export et de hiérarchiser les freins des non-exportateurs et les motivations des exportateurs.
Les chiffres sont édifiants 83,3% des entreprises interrogées ne détiennent pas une activité export et 61% ne prévoient même pas de s’y lancer à l’avenir. 63,3% des entreprises exportatrices et non exportatrices ne sont pas intéressées par de nouveaux marchés d’export.
Il ressort de cette étude que les PME tunisiennes font face à des problèmes tant au niveau interne qu’au niveau externe concernant les représentations diplomatiques.
Mme Monia Saïdi, présidente de la Conect international a, à cette occasion, affirmé que les petites et moyennes entreprises tunisiennes sont confrontées à des grandes difficultés à l’export. La présidente de la Conect a appelé les structures concernées à mettre en place une stratégie nationale pour développer davantage l’export et les services financiers et bancaires au profit des entreprises exportatrices à travers des facilités financières et la simplification des procédures administratives.
Mme Saïdi a mis l’accent sur les entraves logistiques auxquelles font face les entreprises notamment celles liées au transport et à la Douane. Mme Saïdi a, dans le même contexte, appelé à mettre à la disposition des représentations diplomatiques tunisiennes des outils promotionnels au profit du marché tunisien à l’étranger.
Rappelant que 92% des entreprises exportatrices sont des PME, Tarek Cherif a affirmé que la taille de l’entreprise tunisienne est le principal handicap à l’export. Le président de la Conect a considéré que l’export est un facteur vital pour l’économie tunisienne. C’est pourquoi Tarek Cherif a appelé à faciliter davantage les procédures administratives et financières à travers l’ouverture de nouvelles agences bancaires tunisiennes à l’étranger.
PME tunisiennes : pas de stratégie à l’export!
L’étude a montré que la Tunisie ne bénéficie pas d’un branding autour du «Made in Tunisia» qui permettrait au produit tunisien d’avoir une image de marque et plus de visibilité à l’international.
Le pays n’a pas de stratégie claire au niveau de l’export qui pourrait indiquer au futur exportateur les étapes et les démarches à suivre.
Mohamed Torgeman et Jelila Ben Soltane ont affirmé que les banques tunisiennes manquent d’expertise au niveau de l’export et n’encouragent pas le futur exportateur à se lancer.
Parmi les défaillances, on observe aussi un manque de base de données complète, collaborative et fiable alimentée par les banques et les exportateurs qui pourrait aider l’entrepreneur lors de son introduction sur un nouveau marché. Les infrastructures, comme les aéroports et les ports, ne sont pas encore adaptées aux activités exportatrices.
Enfin, les résultats de l’étude montrent que la Tunisie est en retard au niveau de l’export par rapport à d’autres pays comme le Maroc et l’Egypte et pourtant nous produisons de très bons produits.
Aujourd’hui, l’export est devenu une nécessité pour la Tunisie, car le marché local d’environ 12 millions de consommateurs ne permet pas aux entreprises tunisiennes de croitre et de progresser. Aujourd’hui nos PMEs sont même concurrencées par des PME étrangères, même sur notre marché local. Pour faire face à ces points faibles, il y a nécessité de s’orienter davantage vers de nouveaux marchés comme les marchés africain et asiatique.
Omar Béhi a rappelé que le ministère du Commerce a mis en place plusieurs mesures au niveau du transport, de la douane, des banques et de la Banque centrale pour impulser l’export. Omar Béhi a souligné que le ministère a œuvré à digitaliser les procédures pour faciliter aux chefs d’entreprise l’octroi les autorisations nécessaires à l’export.
Pour conclure, le ministre a rappelé que le gouvernement a doublé le budget alloué au Fonds de promotion des exportations pour atteindre 40 millions et 80 millions de dinars en 2019. Le ministre a annoncé que les exportations ont, au cours des quatre premiers mois, évolué de 32%.