Le redressement économique de la Tunisie est encore possible. Ezzeddine Saidane nous dit par le menu détail comment et par quel moyen on y parviendra. deuxième partie de l’interview publiée sur les colonnes du numéro 740 de l’Economiste Maghrébin (magazine).
Quels arguments les Tunisiens mettront en avant pour solliciter de nouveau le concours de la Banque mondiale dans le cadre de son programme d’appui au budget de l’Etat tunisien ?
Le fait que la Banque mondiale intervienne en soutien de l’action du FMI, veut dire qu’elle reconnait que les possibilités offertes à la Tunisie, pour emprunter sur le marché international, sont de plus en plus réduites.
Il faut aussi rappeler que toutes les institutions financières s’alignent derrière la position du FMI. En effet la position du FMI est capitale pour nous, et pas seulement pour les déblocages de fonds au titre de crédits en cours. La position du FMI donne un signal à toutes les institutions financières, y compris celles du secteur privé.
Aujourd’hui, si le FMI n’est pas satisfait du rythme d’évolution des réformes sur lesquelles la Tunisie s’était engagée, il y a un risque pour qu’il ne débloque pas la tranche prévue, avec pour conséquence manifeste le retard ou la suspension des autres tranches.
Pour mémoire, la deuxième tranche avait été débloquée par le FMI avec un retard de six mois. Dans toute opération de crédit, il y a ce qu’on appelle le « waiver » (joker) qui peut être utilisé une seule fois pour dire que c’est vrai que nous n’avons pas avancé suffisamment au niveau des réformes, mais nous avons des conditions sociales ou politiques qui nous empêchent de le faire et nous voulons avoir le déblocage. C’est ce qui s’est passé en juin 2017.
Pour la troisième tranche, le déblocage, initialement prévu pour le mois de juin, a été reporté au mois d’octobre à cause du report de la deuxième tranche et le problème s’est posé de nouveau. L’évaluation faite par l’équipe du FMI n’était pas satisfaisante et donc son comité exécutif n’était pas convaincu que la Tunisie était en train d’avancer suffisamment sur la voie des réformes promises et que cela justifie un déblocage.
Mais encore une fois, le FMI a décidé de passer outre la plupart des critères et de débloquer seulement une partie de la troisième tranche, soit 257 millions d’euros au lieu de 325 millions d’euros. En effet le FMI avait considéré que le temps qui restait ne permettait pas de débloquer le montant restant du crédit et en même temps les réformes n’avancent pas suffisamment. Donc, il a décidé de passer à une revue trimestrielle au lieu de la revue semestrielle. Ceci est en soi un indicateur négatif dans le sens où le FMI avertit que la situation en Tunisie se détériore.
De ce fait, une délégation du FMI est aujourd’hui en Tunisie pour faire l’évaluation afin de décider le déblocage d’un autre montant de 257 millions d’euros. Un tel déblocage interviendrait éventuellement, si la décision du FMI est positive, au mois de juin 2018. Mais, si le rapport n’est pas concluant, le risque est que le FMI décide de suspendre tout le crédit et d’arrêter les déblocages en attendant que la Tunisie justifie réellement d’un état d’avancement suffisant de ses réformes.
Un non déblocage pourrait aboutir à un étouffement financier extérieur de la Tunisie et un manque des ressources financières extérieures nécessaires pour maintenir une situation de solvabilité acceptable pour les autres partenaires économiques et financiers. Et les fournisseurs de la Tunisie pourraient en conclure que le fait d’opérer avec la Tunisie devient risqué.
Le gouvernement a-t-il honoré les engagements pris avec le FMI ? Quelles sont les réformes sur lesquelles il s’est engagé ? Et quelle serait, selon vous, l’attitude des experts du FMI sachant qu’au cours de la dernière réunion tenue à Washington, les représentants américains et allemands ont manifesté beaucoup de réserves ?
Evidemment, les représentants américains et allemands ont manifesté beaucoup de réserves et se sont abstenus au niveau du vote. Mais une abstention pour une tranche donnée pourrait entraîner un vote négatif pour la tranche suivante, ce qui pourrait aboutir à la suspension du crédit.
Il faut rappeler que la Tunisie a signé une lettre d’engagement en mai 2016, qui a été suivie par la signature d’une autre lettre en avril 2017. La lettre de 2016 était signée comme d’habitude par le ministre des Finances et le gouverneur de la BCT. Mais lorsque l’état d’avancement des réformes n’était pas satisfaisant, le FMI avait exigé la signature de la lettre suivante par le chef du gouvernement et le gouverneur de la BCT. Ceci est très significatif pour dire que le FMI ne veut plus accepter à l’avenir un argument du genre que le ministre des Finances n’a pas avancé suffisamment et pourrait éventuellement être sanctionné.
Les principales réformes sur lesquelles la Tunisie s’était engagée concernaient les dépenses publiques, et notamment la masse salariale de la fonction publique. Elle s’est également engagée à trouver des solutions au problème des caisses sociales. A ce jour, peu a été fait et il n’y a toujours pas d’accord entre le gouvernement et l’UGTT pour pouvoir engager des réformes. La seule mesure qui a été engagée est celle qui concerne la contribution sociale de solidarité (CSS) qui est en train d’être payé par les contribuables pour fournir des ressources transitoires aux caisses sociales.
La troisième réforme sur laquelle l’Etat s’était engagé concerne la réduction du déficit des entreprises publiques pour les faire revenir à une situation où elles contribueraient au financement du budget de l’Etat.
Nous n’avons pas avancé à ce niveau-là non plus. Et nous avons même reculé beaucoup puisque les pertes accumulées par ces entreprises sont estimées à 8 milliards de dinars à fin 2017. Il s’agit de pertes qui dépassent de loin la somme des fonds propres des entreprises publiques.
Ces entreprises sont devenues un fardeau pour l’économie tunisienne. Ce qui est énorme pour le contribuable puisque l’Etat tunisien est obligé d’injecter une subvention d’équilibre de ces entreprises pour les maintenir en état de fonctionnement. Le problème est que nous ne sommes pas en train de redresser ces entreprises publiques, mais plutôt de les maintenir en situation de survie, sachant qu’il y a un blocage idéologique inutile dans le pays en ce qui concerne le traitement des problèmes des entreprises publiques.
Je considère que nous n’avons pas un seul dossier des entreprises publiques mais nous en avons 104 parce qu’aucune entreprise publique ne ressemble à une autre et leurs solutions ne se ressemblent pas. Il y a des entreprises publiques qui ne sont pas véritablement des entreprises. Ce sont plutôt des services publics. Donc on ne peut jamais penser à les privatiser parce que ce genre d’entreprise doit rester dans le giron de l’Etat. Il faut cependant les redresser.
Il y a d’autres entreprises publiques qui fonctionnent aujourd’hui dans des secteurs concurrentiels. C’est un non-sens économique et social de les garder dans le giron de l’Etat. Citons, à titre d’exemple, la propriété des banques qui est aujourd’hui un non-sens économique dans la situation où se trouvent l’économie et les finances publiques tunisiennes.
L’Etat s’est, également, engagé sur une politique monétaire donnée qui consiste à corriger le problème de taux d’intérêt. En effet nous vivons en Tunisie, depuis plusieurs années, avec un taux d’intérêt réel négatif. Toutes les formes d’épargne sont rémunérées négativement en Tunisie et c’est pour cela que le niveau de l’épargne nationale est passé de 22 % du PIB en 2010 à moins de 10% du PIB aujourd’hui. Alors, comment allons-nous financer nos investissements ? Comment allons-nous financer un éventuel redressement de l’économie tunisienne ?
Bien entendu, un taux d’intérêt réel négatif aboutit fatalement à un gaspillage du capital qui est considéré comme un facteur de production rare en Tunisie. D’ailleurs, depuis 2011 nous avons gaspillé énormément de capital.
L’Etat s’est engagé aussi sur une autre réforme qui touche aussi à la politique de change introduisant plus de flexibilité dans la détermination du taux de change du dinar. En termes plus clairs, le FMI a proposé, et la Tunisie d’accepter, de laisser glisser le dinar et de ne pas intervenir sur le marché des changes.
C’est pourquoi, le dinar s’est beaucoup déprécié mais malheureusement l’économie n’en a pas profité. Et les entreprises exportatrices tunisiennes ne sont pas, aujourd’hui, en mesure de profiter pleinement de la dépréciation du dinar. Même quand on observe quelques améliorations dans certains secteurs, elles sont en deçà de ce qui est attendu suite à une dépréciation aussi importante de la monnaie nationale.
En ce qui concerne le secteur du tourisme, comme pour les exportations et les investissements directs étrangers, il est nécessaire de faire la vérité des chiffres. En effet les revenus du tourisme et les autres chiffres du commerce extérieur et des IDE devraient être calculés et annoncés en devises et non pas en dinar. Et lorsqu’on les annonce en dinar, on essaye manifestement d’induire en erreur le citoyen.
Quand on liste toutes ces réformes sur lesquelles la Tunisie s’est engagée, il est important de poser la question suivante : est-ce que la Tunisie a réellement respecté ses engagements vis-à-vis du FMI ? Une réponse négative expliquerait ce retard de déblocage et cette situation d’incapacité de mobiliser des ressources extérieures qui sont prévues dans la loi de finances 2018.
Encore une fois, nous sommes quasiment sûrs aujourd’hui que nous allons avoir une loi de finances complémentaire en 2018 comme il en a toujours été ainsi depuis 2011, malheureusement. Tous les ans, la loi de finances perd de sa crédibilité, entraînant un rétrécissement de la marge de manoeuvre de l’Etat qui est quasiment nulle aujourd’hui parce que si vous analysez la structure du budget de l’Etat, vous avez presque 50% des dépenses en salaires, 35% entre service de la dette, déficit de la caisse de compensation et autres dépenses de l’administration. Il reste environ 15% pour le Titre II du budget, celui de l’investissement public. En outre et depuis 2011 l’Etat tunisien a eu beaucoup de mal à exécuter ce Titre II.
C’est vrai qu’en 2017/2018, il y a une légère amélioration du taux de réalisation du Titre II, mais on reste bien en deçà de ce qui est normalement attendu du budget de l’Etat qui représente, rappelons-le, le tiers de l’économie tunisienne.
Si l’Etat qui commande le tiers de notre économie à travers son budget n’a pas de marge de manoeuvre, cela nous montre le niveau des difficultés de redressement de l’économie et des finances publiques tunisiennes.
La Tunisie se prépare à sortir sur le marché financier international pour un emprunt. Les conditions sont-elles favorables au regard de la situation du pays, du marché international et des appréciations des agences de notation ?
Quand on sort sur le marché international, on sort toujours avec ce qu’on appelle une « story » (histoire). Quels arguments peut-on avancer aux institutions financières pour pouvoir solliciter leur soutien à notre opération de crédit ? On va sortir sur le marché avec des fondamentaux faibles, tels qu’un taux de croissance insuffisant, un taux d’inflation très élevé, une situation dégradée de la monnaie nationale, une situation des balances commerciale et courante inquiétante…
On va sortir sur le marché, aussi, avec une notation dégradée à plusieurs reprises depuis 2011, et la dernière en date est celle de Moody’s qui a été revue à la baisse. Nous sommes à la limite de ce qu’on appelle les « junk bonds » (mauvais crédits) considérés par le marché comme spéculatifs. Cela peu aboutir soit à la décision de ne pas sortir sur le marché international. Mais cette décision poserait des problèmes au niveau des réserves des changes et de la couverture des dépenses de l’Etat. Si par contre l’État décide d’aller sur le marché il prendrait des risques importants.
Le premier risque est celui qui consiste à ne pas obtenir le montant sollicité. On en a eu l’expérience en avril 2017. Lorsqu’on sort sur le marché, on s’attend normalement à des demandes de participation qui font quatre à cinq fois le montant sollicité pour parler d’une opération réussie.
Le deuxième risque est celui relatif au coût, à savoir un taux d’intérêt exorbitant. Le taux d’intérêt sur le marché international comme sur le marché local, se compose de deux parties : une partie qui est commune pour tout le monde, c’est le taux d’intérêt interbancaire. La deuxième partie est « le spread » (la marge de risque) qui s’ajoute à ce taux-là et qui est très significative de la situation d’un pays. Nous sommes aujourd’hui à une marge de l’ordre de 6%, pouvant atteindre plus de 7% si on sortait maintenant sur le marché international.
L’équation est aujourd’hui extrêmement difficile : sortir sur le marché et prendre ces risques-là ou ne pas sortir et vivre une situation de tensions insupportables au niveau des réserves des changes.
L’Accord de Carthage 2 – et la dramaturgie qui se joue au sujet du gouvernement Youssef Chahed – introduit beaucoup d’incertitudes. Est-ce que cela pourrait impacter la reprise de l’investissement et la reprise en général en Tunisie ?
Sans aucun doute tout cela impacte la reprise en Tunisie. Aujourd’hui nous évoquions les problèmes économiques et financiers, mais à la base les problèmes sont d’essence politique, de gouvernance ainsi que de transition politique et démocratique.
La Tunisie a choisi de se doter d’une Constitution. Quelles que soient les critiques et les faiblesses qu’on puisse adresser à cet te Constitution, elle constitue la Loi fondamentale du pays. Ce qui se passe aujourd’hui à Carthage est anticonstitutionnel.
L’Accord de Carthage 2 est en train d’être négocié par un corps d’experts ou de présidents des partis politiques et des organisations nationales qui n’ont pas une qualité légale et un pouvoir constitutionnel entre leurs mains pour décider des réformes et encore moins décider du sort du gouvernement en place.
Ce gouvernement a obtenu la confiance de l’ARP qui est la seule instance autorisée, d’après la Constitution, à retirer éventuellement cette confiance.
Et quand on voit que tout cela se joue en dehors de notre Constitution, c’est inquiétant et ça prouve que la transition démocratique est en crise ; elle n’est pas en train de se faire conformément à la Constitution. Tout cela ne fait qu’approfondir la crise politique que la Tunisie connaît depuis 2011.
Par conséquent, quel investisseur local accepterait d’investir dans cette situation politique, surtout avec une économie parallèle qui prend une ampleur sans précédent, soit plus de 50% du PIB ? Quel investisseur étranger accepterait d’investir en Tunisie compte tenu de la situation politique, de l’instabilité de la situation de la monnaie nationale et des relations tendues avec le FMI et les autres institutions financières internationales ?
Aujourd’hui, la seule voie de sauvetage de l’économie tunisienne passe par l’investissement. Il faut arriver à relancer la machine de l’investissement, public d’abord, de l’investissement privé local ensuite et des IDE par la suite. Le fait d’essayer d’attirer des IDE sans avoir réglé le problème politique est un non-sens absolu et n’aboutit à aucun résultat.
Par ailleurs, ce qui se passe aujourd’hui à Carthage est extrêmement inquiétant et ne se fait certainement pas dans le cadre de la vraie transition démocratique de la Tunisie. Cette transition devrait s’accompagner, sans aucun doute, d’une opération de sauvetage de l’économie tunisienne qui, à mon avis, reste possible malgré tous les dégâts mais à des conditions.
Aujourd’hui l’économie et les finances publiques tunisiennes sont dans une telle situation que ce ne sont pas quelques mesures qui vont régler les problèmes. Il faut une véritable stratégie et un véritable plan d’ajustement structurel (PAS) pour pouvoir sauver l’économie tunisienne.
Quand je parle du PAS, ceci nous rappelle la crise vécue par la Tunisie en 1986 et qui a justifié la mise en place d’un PAS qui a sauvé l’économie tunisienne et a rétabli ses équilibres. Contrairement à ce qui a été dit, ce PAS était un grand succès. Pour preuve, en 1993, la Tunisie avait remboursé un crédit du FMI par anticipation, soit avant son terme de plus de deux ans. C’était là un critère de réussite incontestable. Mais, il faut dire qu’aujourd’hui, la situation de la Tunisie est plus grave, plus difficile et plus complexe que celle de 1986.
Je pense cependant que la démarche reste valable si les pouvoirs publics décident de sauver l’économie tunisienne pour sauvegarder les chances de réussite de l’expérience de la transition démocratique tunisienne.
Cette démarche passe par trois étapes. La première consiste en un diagnostic vrai, consensuel de la situation. Ce diagnostic doit être signé par toutes les parties prenantes. A partir de ce diagnostic, on peut bâtir un PAS dont la mise en oeuvre nécessiterait entre 18 et 24 mois. Si on réussit ces deux étapes, on passerait à la troisième qui concerne les réformes profondes. Ces trois étapes sont nécessaires parce qu’un corps qui est en situation d’hémorragie, comme l’économie tunisienne, ne peut pas répondre aux réformes profondes. Il faut d’abord arrêter l’hémorragie par un plan d’ajustement. Ces trois étapes nécessitent, à mon avis, cinq ans pour rétablir une situation économique viable et commencer à avoir une économie qui réalise de nouveau des taux de croissance de 5% et même plus.
Cela est possible. Mais est-ce que les Tunisiens et nos partenaires étrangers vont encore attendre ? Je pense que oui, parce que si on engage le pays véritablement et sincèrement sur la voie des réformes et du sauvetage, cela va rétablir la confiance qui justifie de la patience.
Avez-vous été surpris par l’annonce du Ministre du développement d’un taux de croissance de 2,5% en glissement annuel ? Avec cette manière d’annoncer les chiffres, ce genre de déclaration est-il crédible ?
C’est une déclaration qui dérange. C’est pour ça qu’il ne faut pas tordre le cou aux données et aux chiffres. Et si on veut utiliser des chiffres, il faut les analyser clairement pour pouvoir en tirer les bonnes conclusions et prendre les bonnes mesures par la suite.
D’abord, j’ai essayé de développer tout à l’heure l’idée qui consiste à dire que le niveau de la dette extérieure avec son coût moyen fait que même si on réalise 2,5% de croissance, cela suffit à peine pour payer seulement les intérêts de la dette. D’où, il n’y a pas de quoi jubiler avec un taux de croissance de 2,5% qui est en glissement annuel. Quand on dit glissement annuel, cela veut dire que le taux de croissance a été réalisé entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018, et il y a donc là-dedans les neuf mois de 2017.
Et le communiqué de l’INS a été très clair en disant que la Tunisie a réalisé un taux de croissance de 2,5% en glissement annuel et 1% au premier trimestre 2018. Pourquoi personne n’en parle ?
Il y a un autre phénomène très important, c’est que dans ces deux taux de croissance, il y a un phénomène non récurrent et exceptionnel qui est celui de la récolte d’olives et les exportations d’huile d’olive. Une bonne analyse consisterait justement à soustraire ce phénomène exceptionnel et à analyser la situation ensuite. Et par conséquent, le taux de croissance réalisé pendant ce premier trimestre 2018 et même en glissement annuel, est de loin inférieur à ce qui a été réalisé en 2017.
Je tiens à dire que je ne reproche pas à un homme politique d’essayer de mettre en avant une performance positive d’une façon ou d’une autre, mais le reproche devient justifié quand il en tire des conclusions erronées. Il y a aussi une limite à une interprétation excessive ou politique de nos chiffres. Il faut donc opter pour la vérité des chiffres pour pouvoir faire la vérité des réformes.
Votre mot de la fin ?
Il ne s’agit d’être ni optimiste ni pessimiste pour être objectif et avoir une analyse la plus proche possible de la réalité.
Je considère que le sauvetage de l’économie tunisienne demeure encore possible si la volonté politique y est et si les parties prenantes sont disposées à en payer le prix. Ce prix est de plus en plus élevé puisque pendant les sept dernières années, nous n’avons pas fait de réformes et nous avons enfoncé notre économie dans des difficultés qui n’ont fait que s’aggraver.
Et pourtant, ce sauvetage est possible et nous n’avons pas de choix que de sauver notre économie et d’en payer le prix. Ce prix se traduit par des sacrifices. Il y a certes une partie de la population qui a encore la possibilité de payer le prix et de supporter les sacrifices. Il y a une autre partie qui n’en a plus les moyens.
Face à cette situation, l’intelligence politique consiste à savoir répartir le fardeau des sacrifices. Nous n’aurons d’autre choix que de nous engager dans cette voie pour pouvoir sauver l’économie tunisienne. La Tunisie appartient à tous les Tunisiens. Elle n’appartient pas à un parti politique ou un autre, ou une organisation nationale ou une autre.
Nous devons réellement nous mobiliser ensemble aujourd’hui. Tout débat politique stérile ne peut faire avancer la Tunisie vers une transition démocratique réussie.