Quel diagnostic peut-on dresser de la situation générale du pays? Ne faut-il pas retenir les leçons qui s’imposent et poser les vraies questions pour une sortie de crise? Rencontré lors d’un événement sur l’évaluation des élections municipales, organisé par le parti Al Badil, Louai Chebbi, un jeune politicien et membre-fondateur du parti Al Badil Ettounsi, est revenu sur la plus grande crise politique qu’a connue le pays. Selon lui, il s’agit d’une crise de stabilité gouvernementale. Il explique: “ Un gouvernement qui ne peut se maintenir au moins pendant un quinquennat ne peut faire un bon diagnostic de l’état de l’administration ou faire une bonne lecture des réformes à adopter.”
Il ajoute: « La vraie cause de ce manque d’instabilité est malheureusement due en partie au code électoral et aux compromis basés sur le clientélisme politique qui n’arrivent pas à faire émerger une majorité stable au Parlement. Ce code a été élaboré en 2011, pour éviter l’hégémonie partisane. Alors qu’aujourd’hui, on a plus besoin d’un gouvernement stable qui exécute et propose des réformes. »
Autrement dit, il faut poser les bonnes questions et faire avant tout un diagnostic économique de la situation. De ce fait, « la coalition qui gouverne aujourd’hui est en perpétuelle guerre de position, qui n’a donc pas l’envergure nécessaire pour sortir de la léthargie dans laquelle elle est empêtrée », a-t-il dit.
Et de poursuivre: « L’actuel gouvernement est manifestement un gouvernement de communication médiatique, qui se retrouve aujourd’hui victime de la propagande et non un gouvernement de réformes ou réellement des vraies mesures. »
La solution selon Louai Chebbi
M. Chebbi a répondu: « J’ai l’impression que le chef du gouvernement est complètement isolé sur la scène politique et que son principal souci, c’est d’avoir le soutien du mouvement Ennahdha, qui n’est pas son parti, car il a joué avec une alliance de circonstance. Tout comme je ne pense pas qu’il puisse se maintenir bien longtemps à son poste. »
Il conclut: « Il nous manque la voix de la raison. Or on ne fait que parler du 64e point de l’Accord de Carthage 2, comme si les autres 63 points n’existaient pas, alors qu’on vit aujourd’hui dans une inflation presque à deux chiffres et qu’on ne connaît pas les chiffres réels de l’économie. »
Enfin, il finit par conclure que l’élite politique qui a émergé en 2014 est une élite qui a échoué et qui est dépourvue de compétences, tout en poursuivant: « On en arrive à l’exaspération des pires facettes de cette élite politique et il est temps de faire émerger une élite à la hauteur et nous espérons le faire pour les élections de 2019 ».