Attendu depuis sa dernière réunion, le Conseil d’Administration de la BCT a annoncé son verdict : 100 points de base supplémentaires dans son taux directeur qui sera désormais à 6,75%. Le Conseil a également décidé de créer un nouveau guichet de refinancement au profit des banques dans le cadre des mécanismes d’appel d’offres en vigueur, consacré à l’accord de facilités pour une durée de six mois, dédiées au refinancement des crédits d’investissement dans de nouveaux projets.
Bien évidemment, nous avons discuté de cette décision à plusieurs reprises, sauf que l’augmentation était plus forte qu’estimée. On s’attendait plutôt à une hausse de l’ordre de 75 points de base puisque le TMM au jour le jour est à 6,47%, ce qui permettait d’effacer le gap. Mais c’est la forte inflation qui a poussé le régulateur à appuyer sur l’accélérateur, en tentant de réduire le taux d’intérêt réel, négatif depuis quelques mois.
Une sphère interminable ?
Maintenant, si l’inflation ne baisse pas, est-ce que la BCT va augmenter davantage son taux directeur, avec les conséquences que nous savons sur l’investissement ? Le problème ici est que l’inflation ne baissera effectivement pas. Le dernier communiqué du FMI a été clair. Il a d’abord évoqué l’assouplissement du taux de change et la réduction des interventions du régulateur. Autrement dit, il est pour une nouvelle glissade du dinar de sorte à réduire les déficits et améliorer la compétitivité prix des produits nationaux, ce qui pourrait (théoriquement) aider à reconstituer les réserves en devises.
Ensuite, il a encouragé l’application d’une hausse trimestrielle du prix des produits pétroliers. D’ailleurs, une augmentation de 70 millimes / litre d’essence est attendue début juillet. Ces deux facteurs sont capables de faire encore exploser les compteurs de l’inflation et la pousser à des niveaux inédits. Du point de vue technique, la BCT ne pourra que durcir davantage sa politique monétaire et relever davantage les taux.
BCT : Et le Taux de Rémunération de l’Epargne ?
Maintenant, quel est le sort du TRE ? Est-ce que la BCT compte également lui donner un coup de pouce lors de ses prochaines réunions? C’est un autre vrai dilemme.
D’une part, le garder à son niveau actuel de 5% permettrait aux banques d’équilibrer leurs coûts de ressources, et donc garder le coût de financement raisonnable dans les conditions actuelles. Les taux sur le marché de la dette ont atteint des niveaux record, ce qui a rendu plusieurs opérateurs économiques non bancables. De plus, avec un TRE significativement inférieur à l’inflation, les agents économiques ont une forte incitation à investir plutôt que placer dans les coffres des banques.
D’autre part, il faut absolument doper le rythme de constitution des dépôts. Le rapport de Fitch Ratings publié au cours de la semaine a bien souligné qu’avec un ratio Dépôts/Crédits à 124%, un ratio de créances classées de 13,8% et un ratio de fonds propres de 11%, le système bancaire tunisien est loin de pouvoir résister aux chocs. A court terme, et dans la mesure où l’amélioration de la productivité est une mission quasi-impossible, le TRE serait un bon catalyseur.
Bien que la situation soit compliquée, nous pensons que le régulateur garderait un TRE stable durant les prochains mois. La décision de l’augmenter n’interviendrait que si le taux directeur soit significativement rehaussé, soit dans la même fourchette d’hier.
Chers lecteurs, vous êtes prévenus. Attachez vos ceintures.