La fin de Ramadan n’augure pas d’un nécessaire renversement de la courbe de productivité qui n’en finit pas de toucher le fond. La compétitivité de nos entreprises, qui n’en peuvent plus, s’en ressent lourdement. Celles-ci semblent se résigner, faute d’un sursaut national qui réhabiliterait le travail, aux thérapies des dévaluations compétitives aux effets secondaires tout aussi ravageurs.
Les deux mois de juillet –août, ce doux soporifique, relique de la dynastie husseinite, frappent à nos portes. Ils sont déjà dans tous les esprits et sont même largement intégrés dans notre comportement d’après-Ramadan d’autant que dans ce bref intermède, les Tunisiens auront les yeux rivés sur la Russie promue capitale du foot mondial.
A quoi devrons-nous nous attendre si ce n’est de compter les heures, sinon les journées perdues, à l’institutionnalisation du travail en miettes, au relâchement dans les usines, les bureaux et ailleurs, à la démobilisation et, plus grave encore, à une forme de rupture avec le monde qui se fait à force d’exigences sans nous sinon contre nous ? L’attractivité du site Tunisie n’est plus ce qu’elle était et ce qu’elle devrait être quoi qu’en disent les officiels qui ne semblent pas réaliser que l’arbre du léger frémissement touristique – du reste très aléatoire – ne doit pas cacher la forêt d’une économie dévastée, sinistrée. S’ils voulaient théoriser leur échec, ils ne s’en prendraient pas autrement.
L’économie tunisienne, qui peine à quitter les sables mouvants d’une croissance atone, ne tient plus sur ses fondamentaux largement détériorés, dégradés. Les finances publiques sont au-delà de leur seuil d’alerte. On y reporte d’un mois à l’autre le spectre de la faillite et de la banqueroute. Les déficits jumeaux sont, au-delà de tout commentaire, l’aveu de l’échec de la politique macroéconomique. Ils privent le gouvernement de marge de manœuvre. Ils rétrécissent le champ du possible et hypothèquent toute forme de relance par quelque voie qu’on imagine.
La politique de relance budgétaire n’est plus à l’ordre du jour à cause de l’ampleur du déficit budgétaire (+6%) financé jusque- là par l’envolée de la dette devenue insoutenable (+de 70% du PIB). La politique d’offre, pourtant si nécessaire, serait un vœu pieux. Les besoins financiers de l’Etat sont tels qu’il ne peut se permettre dans l’immédiat une réduction de la fiscalité des entreprises pour relancer l’investissement. C’est même l’inverse qui se produit au risque de décourager les investissements et de faire reculer la croissance réduite à sa plus simple expression.
Le gouvernement subit tout à la fois le diktat des marchés – envolée des prix du pétrole et des matières premières-, des déficits et d’une trésorerie réduite à néant, la pression de la rue, celle des bailleurs de fonds et de l’urgence. Il est peu probable que le gouvernement quel qu’il soit puisse envisager une sortie par le haut sans penser et agir autrement, sans s’affranchir et s’émanciper des paradigmes anciens qui ont fait leur temps. Il doit, pour s’ouvrir de nouveaux horizons, réduire son train de vie et tailler à la hache ses dépenses courantes qui explosent aux dépens des dépenses d’équipement, pourtant si nécessaires pour améliorer la compétitivité de l’économie et réduire la fracture régionale. Et ne pas trop compter sous sa forme actuelle sur le PPP devenu une simple illusion d’optique. Certaines dépenses de subventions de la consommation ne se justifient plus. Elles n’ont plus de fondements économique, social, sociétal ni même moral qui justifient leur maintien sous leur forme actuelle. On n’achètera pas ainsi la paix sociale. Il est même à craindre qu’à terme, cette politique finisse par la mettre en danger. Elle participe même, à cause de son caractère indifférencié, à creuser les écarts sociaux. Ceux qui en ont le plus besoin en bénéficieraient le moins.
Mais il y a plus grave dans le genre de fabrique de déficits : la pléthore de fonctionnaires au mépris de toutes les lois de la rationalité économique. Ils accaparent à eux seuls près de la moitié du budget de l’Etat – une première dans le monde. Le comble est que cette situation, par trop paradoxale, finit par ne satisfaire personne. Le contribuable est saigné à blanc sans qu’il puisse bénéficier des prestations de services publics auxquels il a droit, l’Etat est confronté à des arbitrages cornéliens. Le volume des salaires de la Fonction publique réduit sa marge de manœuvre et le condamne à la paralysie et à une gestion acrobatique à très courte vue. Les fonctionnaires eux mêmes, du moins ceux d’entre eux qui justifient de la pertinence de leur emploi, ont des niveaux de rémunération écrasés par le poids de la masse salariale et largement diminués par l’érosion monétaire. C’est, pour tout dire, le serpent qui se mord la queue. Plus ils sont nombreux, plus ils se lamentent, moins ils sont utiles, performants et efficaces. Et plus ils pèsent sur le budget de l’Etat, plus ils réduisent sa capacité d’investissement et de régulation de l’économie. Le problème est que dans ce travail de sape et de démolition de valeur et de la croissance, les embarqués de la dernière heure dans le sillage de la Troïka ne sont pas les plus actifs, certaines entreprises publiques sont plus entreprenantes pour précipiter le déclin du pays. Dire qu’il y a encore si peu, celles-ci symbolisaient la réussite de l’Etat. Celles d’entre elles qui accusent aujourd’hui des déficits abyssaux au regard des ressources nationales portaient en elles tous les espoirs de la collectivité nationale.
Par quelle mécanique humaine, par quel enchaînement implacable en sont-elles arrivées à fabriquer des déficits, à se mettre au travers de l’avenir des jeunes générations alors qu’elles avaient vocation à financer par leurs propres apports et bénéfices le développement et la construction de l’avenir ? Elles payent aujourd’hui – et la collectivité avec elles – le prix élevé d’un sureffectif à l’issue de recrutements massifs, inconsidérés et totalement injustifiés sous la pression de la rue, sans la moindre manifestation d’autorité de la tutelle qui se réfugie dans le silence et brille par son absence. Elles portent ainsi et surtout les stigmates d’un syndicat qui a pris le pouvoir de décision et le relais sur la direction managériale.
La cogestion, figure emblématique du centralisme démocratique des années soixante, fait de nouveau florès chez nous à l’heure de l’exacerbation de la concurrence internationale sous le feu roulant de la mondialisation inexorable des économies.
Comment sortir de l’enfer des déficits, de l’inflation, de la dépréciation continue du dinar, de la dette, des dysfonctionnements en tout genre et de la dictature de l’instant ? Comment briser les freins à l’investissement et à la croissance autrement que par l’incantation et les effets d’annonce ? Comment rétablir la sérénité et la confiance des chefs d’entreprise en mal de visibilité et aux horizons obscurcis par la lutte sans merci pour le pouvoir qui fait chaque jour plus de victimes que d’heureux élus ? Comment réconcilier les Tunisiens avec le travail, les entreprises, la politique qu’ils désavouent et exècrent au plus haut point ? Comment rassurer le syndicat ouvrier sur son avenir et sur celui de ses adhérents tout en tempérant ses ardeurs revendicatrices ? Son intrusion dans la sphère politique dénature son rôle et l’expose à des déconvenues quand elle ne le projette pas dans le scénario d’affrontements des plus périlleux dont on imagine sans peine les dommages collatéraux sur l’économie ? Comment stopper l’hémorragie de cerveaux et de talents qui appauvrit le pays, le vide de sa substance et le prépare au déclin ? Comment rendre espoir aux naufragés des villes et des régions sans-emploi, des sans-espoir et sans perspectives qui fuient le pays au péril de leur vie ? Faut-il qu’il y ait d’autres et bien d’autres naufragés de Kerkennah pour prendre conscience de l’ampleur des frustrations et du désespoir d’une large frange de la population qui veut être écoutée et entendue ? Comment mettre fin à ces hécatombes de vies humaines qui endeuillent, révoltent et indignent tout un pays qui a tout pour gagner, vaincre et émerger ? Comment faire émerger les autres, ces damnés de la terre ? Comment ressusciter de nouveau le rêve tunisien et nous réenchanter ? Comment, comment ?
Ce n’est sûrement pas en provoquant et en perpétuant un état de tension permanent, un climat délétère, malsain, aux odeurs nauséabondes, brouillé, jusqu’à ne plus rien discerner, par la guerre des services, des ombres, des clans et des partis sans se soucier de l’intérêt suprême de la nation.
Tous les coups sont permis au seul motif de déstabiliser, discréditer, calomnier, salir ses adversaires politiques pour pouvoir exister. Non la politique a d’autres ressorts plus moraux, plus éthiques et plus transparents pour rallier, mobiliser et fédérer autour d’un véritable projet de société, digne de notre désir de démocratie, de progrès et de modernité et d’un vaste dessein national qui unit plus qu’il ne clive. C’est de cela dont a besoin le pays pour aller jusqu’au bout de sa transition démocratique et économique. Il faut une tout autre refonte, une refondation politique et un tout autre système de gouvernance.
On rêve déjà d’un nouveau système où le Président de la République préside, le chef du gouvernement gouverne et les ministres assument en conscience les responsabilités qui sont les leurs. S’ils n’en sont pas capables, qu’ils tirent les conséquences qui s’imposent. Ils en sortiront grandis. Ils éviteront au pays le risque de sombrer dans l’inconnu, le désordre et le chaos. Ce qui s’y passe aujourd’hui les rabaisse plus qu’il ne les grandit.
Les guerres de chapelle qui n’en finissent pas de ressurgir, les frères ennemis qui prennent plaisir à s’étriper, les escarmouches catégorielles, bref la lutte sans merci pour le pouvoir et les privilèges sont une insulte à l’intelligence et aux attentes de Tunisiens lassés, fatigués, spoliés dans leur pouvoir d’achat. On leur a confisqué jusqu’à leurs illusions et espoirs. Qu’on se le dise : en se coupant du pays réel et de ce qu’il peut endurer, l’establishment politique, lourdement discrédité, met en péril le processus démocratique déjà mis à mal par le marasme économique, social et moral qu’il n’a pas su nous épargner.
Dommage en Tunisie nous avons les perles de l’incompétence politique qui mes en péril l’avenir du pays et sa jeunesse sans espoir de lendemain en ajoutant une pincée de corruption,de mensonge digne d’un marchand de sommeil .
Le chef du gouvernement est le bouffons du FMI est le président un retraité qui est trop vieux …. .Sa marche de qui dort digne d’un paresseux .Si ça continue comme ça le pays va finir dans une fosse septique .