Investissons-nous suffisamment? Investissons-nous bien? S’interrogent les auteurs d’une tribune publiée par L’ITCEQ (Institut tunisien de la compétitivité et des études qualitatives) sur l’évolution et les facteurs déterminants de l’ investissement en Tunisie. Cette tribune a tenté d’analyser son évolution et de présenter les principaux résultats d’une étude économétrique sur les déterminants de l’investissement privé.
En somme, la demande, le taux de profit, l’investissement public et les crédits accordés au secteur privé sont des variables structurelles robustes qui expliquent fortement la dynamique de l’investissement privé en Tunisie.
La question du niveau renvoie à l’idée qu’un investissement durablement trop faible finit par limiter physiquement les niveaux de croissance. La question de la qualité renvoie plutôt à l’idée d’une utilisation plus ou moins suffisante des techniques les plus performantes.
En Tunisie, et malgré la multitude des réformes et des programmes d’appui engagés au cours des dernières décennies, l’investissement demeure faible et n’a pas permis la réalisation d’une croissance soutenue et équitable permettant de réduire le taux de chômage global et celui notamment des diplômés.
Il est fort utile de promouvoir l’aptitude à innover, de moderniser l’environnement économique et financier pour qu’il devienne plus favorable à la prise de risque et puisse susciter le degré de confiance dans l’avenir. Ce sont là autant de facteurs qui influencent l’investissement.
Dans la première partie consacrée à l’analyse rétrospective, les auteurs montrent que l’investissement est structurellement peu dynamique, constatent un retard d’investissement au niveau des secteurs manufacturiers et agricole et un faible dynamisme de l’investissement privé défavorable à la croissance.
S’agissant du volet de l’investissement, les auteurs soulignent que les conditions de financement figurent parmi les contraintes les plus sévères à l’investissement, eu égard notamment aux coûts du crédit bancaires et garanties exigées jugés excessivement élevés; s’ajoutant au niveau du cadre macro-économique marqué ces dernières années par une forte dégradation et un dispositif institutionnel et réglementaire présentant plusieurs limites.
En ce qui concerne les déterminants de l’investissement privé en Tunisie, les auteurs ont souligné l’importance de l’investissement public comme effet accélérateur et d’entrainement; ce qui prouve le fait que les investissements dans les infrastructures, la santé et l’enseignement nécessitent encore un regain d’attention.
L’analyse des effets des variables financières sur l’investissement privé montre qu’à court terme, le ratio des crédits accordés au secteur privé et le taux du marché monétaire nominal influencent significativement l’évolution du FBCF (formation brute du capital fixe) privée en Tunisie. Notons que les entreprises tunisiennes ont recours généralement au crédit bancaire pour financer leur investissement, indépendamment du coût du capital; et ce, au dépend d’autres modes de financement en l’occurrence le marché financier. Ceci ne doit pas occulter, néanmoins, l’existence d’un effet seuil à partir duquel le niveau du taux d’intérêt pourrait influencer la décision d’investissement.
Les auteurs n’ont pas manqué de rappeler que l’épargne est une condition nécessaire pour investir, mais rien ne permet d’affirmer qu’elle est une condition suffisante.
Enfin, les auteurs de cette tribune affirment que toute politique d’investissement privé est basée sur l’agencement, le soutien et le renforcement de la demande interne, sur l’accélération de l’investissement public, sur la mobilisation de l’épargne domestique et sur la facilitation d’accès aux crédits bancaires.
Auteurs – Tribune de l’ITCEQ N°22 – Juin 2018
Yousr ZRIBI
Souad DHAOUI
Naima FEYDI