Parler des défis communs, de la politique étrangère, de la question de la migration sont les sujets abordés par l’ancien Premier ministre français Dominique De Villepin lors d’une interview accordée à la chaîne El hiwar ettounsi, lors de sa visite durant les trois jours en Tunisie du 20 au 22 juin 2018.
Il considère les Tunisiens comme les rescapés du printemps arabe, il a souligné que seule la Tunisie est porteuse de bonnes nouvelles, seule la Tunisie porte l’espoir d’une transition démocratique réussie. Et d’ajouter: “Il faut trouver des pistes nouvelles. Je pense que la Tunisie a les moyens de faire des avancées sur le contrôle des frontières, la lutte contre le terrorisme. Tout ceci constitue un acquis. A mon avis, il faut capitaliser sur cette expérience et essayer d’aller plus loin”.
Selon lui, les solutions résident dans le travail ensemble. Il déclare à ce niveau: “ Nous devons donc travailler et agir ensemble. Capitalisons sur ce qui marche et qui marchera toujours”.
Evoquant les relations entre la Tunisie et l’UMA, il a indiqué que la Tunisie a la chance d’entretenir de bons rapports avec les pays du Maghreb, tout en insistant que l’ouverture vers le Maghreb et l’Afrique est très importante pour la Tunisie.
De Villepin: « Il faut toujours se mobiliser quand un pays commence à défaillir »
A la question de la lutte contre le terrorisme, M. De Villepin répond que cela nécessite une véritable solidarité, en ajoutant: “Aucun pays ne peut combattre tout seul ce phénomène. Il ajoute: “Quand un Etat est fragile, le pays est livré aux bandes, aux trafics, à toutes les mauvaises intentions. C’est ce qu’on voit en Afghanistan, il faut toujours se mobiliser quand un pays commence à défaillir. En somme, il faut être pragmatique dans la lutte contre le terrorisme qui se nourrit de toutes les fragilités”.
Sur la question du retrait américain du Conseil des droits de l’Homme, CDH et pour lequel Israël, le 20 juin s’est félicité de ce choix, accusant l’organisation d’hypocrisie et de parti pris anti-israélien, M. De Villepin a répondu: « On voit bien que la réponse de Donald Trump sonne faux. Il y a une réalité de cette commission qui a des devoirs d’essayer d’avancer en incluant le plus possible les uns et les autres et en faisant progresser pas à pas cette question si importante des droits de l’Homme. Or prendre prétexte de la question d’Israël au sein de cette commission, ne me paraît pas à la mesure des enjeux. Et les USA qui ont une tradition, une histoire, des devoirs vis-à-vis des droits de l’Homme, ont bien sûr à mon sens, une responsabilité particulière à assumer dans ce domaine. Et s’exclure comme ils l’ont fait de l’accord du partenariat pacifique, sur l’accord de l’Iran en 2015, n’est pas la solution. Et on voit bien la tentation unilatérale, isolationniste et parfois la tentation militariste, même s’il y a quelques exceptions comme la reprise du dialogue avec la Corée du Nord. C’est aujourd’hui la tentation américaine. Et nous avons, nous amis alliés des USA, le devoir de continuer à essayer de faire passer ce message. Et je pense que cette détermination, un jour sera payante parce que les Américains se rendront compte très vite du coût de cette politique qu’ils seront les premiers à payer, notamment la place des USA dans le monde. Il faut souhaiter très vite qu’il s’agit d’erreurs qu’ils sont en train de commettre ».
Et de conclure: » Nous tous, nous avons un devoir pour essayer de trouver les bonnes solutions. Nous voyons bien que c’est inacceptable de voir un Etat démocratique comme les USA, prendre des positions comme celles-ci, mais nous devons prendre conscience de ce à quoi tout cela peut nous conduire, le type de politique dramatique. Aujourd’hui, nous avons le devoir de transformer les peurs et les inquiétudes en politique. La politique est une alchimie qui transforme des peurs en décisions qui rassurent et qui donnent confiance ».