Fadhel Abdelkefi considère que l’intégration africaine est possible mais à certaines conditions. Cela doit nécessairement commencer par l’intégration politique à travers la volonté des décideurs des pays africains, a affirmé l’ancien ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, ancien ministre des Finances et président du Groupe Integra Partners Fadhel Abdelkefi.
Intervenant lors de l’ouverture du Forum annuel du club des dirigeants de banques et établissements de crédits d’Afrique sous le signe « Le rôle des banques africaines dans l’intégration du continent » qui se tient les 25 et 26 juin à Tunis, Fadhel Abdelkefi a affirmé que l’Afrique dispose d’une dizaine de groupements économiques et d’indiquer que les pays africains sont des pays complémentaires.
Prenant le cas de l’Afrique du Nord, Fadhel Abdelkefi a affirmé que si les pays de l’Afrique du Nord se mettaient à quatre ou à cinq, ils pourraient mieux négocier avec le partenaire européen, augmenter le PIB et réduire l’inflation.
Selon des estimations d’experts citées par l’ex-ministre, le manque à gagner de l’Afrique du Nord est de l’ordre de 1,5 à 2% du PIB pour chacun des pays de l’Afrique du Nord à cause de la non-intégration, avant d’affirmer que l’Afrique du Nord demeure l’une des régions les moins intégrées au monde. Les pays de l’Afrique commercent entre eux à hauteur de 18% contre 70% avec l’Europe et 60% avec l’Asie. Cinquante ans après l’indépendance, le commerce interafricain ne représente que 18%, regrette l’ancien ministre. L’intervenant a rappelé que les premiers investissements en Afrique étaient Tunisiens à l’époque du président Habib Bourguiba : « Malheureusement, les futures générations n’ont pas pu maintenir ces investissements dans le système bancaire africain », regrette-t-il.
Fadhel Abdelkefi : l’intégration est toujours possible
Fadhel Abdelkefi a indiqué que l’intégration ne se décrète pas : « Une intégration n’est pas nécessairement la signature d’une convention », estime-t-il. « Si nous voulons faire une intégration africaine, il faut fixer des objectifs et tracer des étapes », recommande-t-il. Pour aboutir à l’union africaine, il faut s’inspirer du modèle de l’Union européenne qui a mis 40 ans pour réaliser l’Union des pays européens. A cet égard, il a rappelé que l’Union européenne est le résultat d’un long processus. Et de rappeler que l’union entre les pays ne se décrète pas et qu’il faut lui préparer le terrain.
Fadhel Abdelkefi a considéré que les marchés de capitaux et de private equity ne se sont pas développés au niveau souhaité en Afrique. Pour lui, cela est dû en premier lieu à la faiblesse des fonds propres et au manque de transparence des entreprises africaines et aussi à la problématique de transmission des entreprises à laquelle il faut remédier et qui ne peut se faire qu’à travers la présence de marchés de capitaux efficients qui permettent de recapitaliser ces entreprises qui sont généralement des entreprises familiales.
Revenant sur le secteur bancaire africain, Fadhel Abdelkefi a affirmé qu’une étude menée par le FMI affirme que si l’Afrique mettait à niveau son système financier, cela pourrait booster son commerce à hauteur de 30%.
Le tissu industriel africain dans son ensemble- tout comme celui tunisien- est constitué de PME familiales peu transparentes et généralement endettées auprès des banques, sans parler de l’existence d’un secteur informel développé : «L’Afrique est dominée par la PME endettée et peu transparente», affirme Fadhel Abdelkefi.