Pour la 4ème édition du Tunisia Economic Forum, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a choisi de braquer la lumière sur la problématique de la rareté des ressources hydriques. «Les politiques économiques et la contrainte des ressources rares en Tunisie», c’est ainsi que le think tank a choisi d’intituler cette édition. Tous les intervenants ont été unanimes à dire que les réformes et une meilleure rationalisation et valorisation de l’eau en Tunisie doivent s’imposer.
Prenant la parole, le président de l’IACE, Taïeb Bayahi, a affirmé que la Tunisie est en période de stress hydrique et qu’elle n’a qu’un seul choix: réussir le pari d’une meilleure gestion de ses richesses hydriques. Pour lui, il faudrait mettre en place une politique industrielle qui prenne en compte la pénurie de l’eau en Tunisie et qui la valorise en même temps. Dans le même contexte, il a affirmé que des pays comme le Canada et du Moyen-Orient ont pu réussir ce pari.
De son côté, Nafaa Ennaifer, président du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique auprès de l’IACE, a placé le sujet dans son contexte. Il a rappelé que la superficie de la Terre est recouverte à 70% d’eau dont 2,5% d’eau douce. 70% de l’eau douce se retrouve sous forme de neige et de glace. Ainsi, il ne reste à l’humanité que 0,7% des ressources hydriques terrestres.
Selon des chiffres avancés par le modérateur, la situation n’est point enchanteresse. Et pour cause : le total des ressources hydriques mobilisables est égal à 4,8 milliards de m³(50% d’eaux de surface et 50% provenant des nappes profondes). En ce qui concerne les ressources disponibles, elles sont de l’ordre de 450 m³ par habitant/par an, alors qu’à l’échelle mondiale le minimum requis par habitant en eau est de l’ordre de 1000 m/par an.
Dans la même optique, l’intervenant a avancé quelques chiffres autour de l’eau : le coût de revient de l’eau potable distribuée par la SONEDE est de 0,600 dt/m³, le coût du dessalement des eaux saumâtres : 2 dinars/m³, celui du dessalement de l’eau de mer : 3 dinars/m³ et l’eau d’irrigation est fournie au prix de 0,140/m³. Et d’avancer que près de 50% de l’eau consommée par les agriculteurs fait l’objet d’impayés.
De la valorisation avant toute chose
Revenant sur la consommation de l’eau d’irrigation, notre interlocuteur a affirmé qu’un kilogramme de blé nécessite 1350 litres d’eau, 1 kilogramme de maïs 900 litres et 1 kilogramme de riz 3000 litre d’eau. Une simulation schématique élaborée à partir de cette grille montre qu’importer 1 kg de tomates c’est comme importer 180 litres d’eau virtuelle; importer 1 kilogramme de blé, c’est importer 1350 litres d’eau virtuelle.
Le directeur exécutif de l’IACE, Majdi Hassen, a présenté les résultats d’une enquête menée par l’IACE sur la question. L’étude a montré que 3,5 dinars est la valeur que devrait rapporter un mètre cube d’eau douce des rivières utilisée dans les activités économiques comme le textile et que les cultures ayant une bonne valorisation des ressources en eau sont l’olivier pluvial, l’olivier hyper intensif, le blé dur, les tomates du Nord et la pomme de terre du Centre.