L’économiste et ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi, est revenu sur la situation socio-économique en Tunisie, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Houcine Dimassi a affirmé que l’économique, le social et le politique sont intimement liés. Pour évaluer la situation de l’économie, il faut recourir à trois paramètres. Le premier est le taux de croissance, qui est de 2,5% pendant le premier trimestre 2018. Pour lui, même s’il s’est amélioré par rapport à 2017 grâce entre autres à l’agriculture, il reste faible.
« Le secteur agricole demeure tributaire du climat et des conditions naturelles plus que par la nature du travail et l’effort fourni par les travailleurs. Une amélioration poussée par un secteur comme l’agriculture demeure aléatoire », fait-il savoir. Et de rappeler que la sécheresse peut survenir à n’importe quel moment, on ne peut donc pas compter sur ce genre de croissance. Les secteurs fiables à forte valeur ajoutée sont ceux tributaires de l’effort humain comme l’industrie et les services marchands.
Les échanges commerciaux constituent le deuxième paramètre. A cet égard, le spécialiste a regretté la grande baisse des échanges commerciaux.
« Ce déficit reflète le déséquilibre de l’économie tunisienne et le grand écart entre les importations et les exportations », explique-t-il. Cela est dû à la baisse des exportations vu la baisse de la compétitivité des entreprises tunisiennes et la hausse des coûts de production, regrette-t-il. Houcine Dimassi a indiqué que si la situation devait persister sur le même schéma, le déficit commercial pourrait atteindre 16 milliards de dinars d’ici fin 2018.
Le troisième paramètre est le budget de l’Etat. Le déficit du budget de l’Etat a atteint 6,6%. Ce déficit pourrait encore augmenter si des événements imprévisibles se produisaient.
A cet égard, il a rappelé que deux événements imprévisibles ont déjà eu lieu comme la hausse du prix du baril du pétrole sur les marchés internationaux : « Le budget 2018 tablait sur un prix de 55 dollars le baril de pétrole. Or il est actuellement à 75 dollars. Chaque dollar additionnel coûte au budget de l’Etat 130 millions de dinars supplémentaires», affirme-t-il. De plus, le Fonds monétaire international n’a pas tranché sur le décaissement de la dernière tranche du crédit. « Si le FMI ne nous accorde pas la dernière tranche de crédit toutes les autres institutions internationales feront de même », avertit-il.
Houcine Dimassi met en garde contre les tendances inflationnistes
Cette situation va engendrer une tension sociale surtout que les syndicats ne cessent de revendiquer des augmentations salariales, dit-il. « Ce n’est pas bénéfique ni pour l’entreprise ni pour les travailleurs étant donné que dans un contexte inflationniste, les augmentations salariales sont suivies de la hausse des prix », fait-il savoir. Cette situation économique est encore alimentée par l’instabilité et les tractations politiques .