Sans doute dernière étape avant que les élus ne prennent possession de leur pouvoir local, l’élection des maires a déjà donc nourri des tensions. Mais ce n’est pas là le plus dur que vivront les élus qui devront tôt ou tard s’atteler à une tâche des plus ardues: répondre – et avec certaines promesses que l’on connaît – aux attentes de leurs concitoyens.
Une bonne partie de la classe politique est aujourd’hui préoccupée par l’élection des maires que le pays se donne après les municipales du 6 mai 2018. Et certains n’en finissent pas d’égrener le nombre des mairies gagnées par les candidats d’Ennahdah, de Nidaa Tounes ou encore par les Indépendants, véritable révélation du scrutin du 6 mai 2018.
Des élections qui ne se font pas sous nos yeux sans une bonne dose de chamailles. La dernière chamaille en date est sans doute celle entre Nidaa Tounes et Ennahdha, née de l’élection de Souad Abderrahim, le 3 juillet 2018, à la mairie de Tunis, et qui a poussé Nidaa Tounes à déclarer la fin de son alliance avec le parti islamiste.
Des chamailles qui ne peuvent que créer davantage de clivages au sein d’une classe politique qui donne, depuis le 14 janvier 2011, l’impression d’être en perpétuel conflit. Et il est à se demander si ces clivages ne vont pas compliquer davantage la gestion des affaires locales et envenimer donc un vécu des plus durs dans certaines du moins de nos régions.
Sans doute dernière étape avant que les élus ne prennent possession de leur pouvoir local, l’élection des maires a déjà donc nourri des tensions. Mais ce n’est pas là le plus dur que vivrons les élus qui devraient tôt ou tard s’atteler à une tâche des plus ardues : répondre aux attentes de leurs concitoyens.
On sait que de nombreux élus ont promis quasiment monts et merveilles aux habitants de leur commune. L’heure est maintenant à la concrétisation de promesses qui seront – tout le monde en convient – difficiles à atteindre.
Souvent inexpérimenté, ne connaissant pas parfaitement les lois et les règlements – dont notamment cette loi sur les Collectivités locales votée du reste le jeudi 26 avril 2018, soit onze jours avant l’organisation des Municipales (6 mai 2018), les élus ne travailleront pas dans le confort.
Une loi qui renferme l’essentiel des disposition du pouvoir local (Chapitre VII de la Constitution), qui comporte pas moins de 380 articles et que nos élus n’ont pas toujours eu le temps, plongés qu’ils étaient dans la campagne électorale, de lire et d’en comprendre les tenants et aboutissants.
Les promesses faites par les élus, il faudra les faire avec un vécu local qui n’est pas des plus reluisants. Nos municipalités, comme de nombreuses structures publiques, fonctionnent avec une pléthore de personnel et un taux d’encadrement qui se situe autour de 10%.
Un personnel nourri, comme un peu partout, à la sève de la revendication et de la contestation. Des échos qui nous parviennent font état déjà de « visites de courtoisie » de certains agents municipaux aux élus pour les féliciter, mais aussi pour se plaindre de leur situation administrative et financière.
Les nouveaux élus devraient faire avec également, dans la concrétisation de leurs promesses, les insuffisances de moyens. On sait que les municipalités souffrent le martyre à cause des défaillances au niveau du paiement de la taxe locative. Comme au niveau des équipements municipaux dont une partie n’est pas fonctionnelle.
Faut-il s’attendre à une guéguerre entre le pouvoir central et le pouvoir local en matière de fiscalité ? Les municipalités n’ont-elles pas droit à une partie des recettes financières qui reviennent actuellement à l’Etat ?
Exemple parmi d’autres : une bonne partie des routes passe par les communes, or pourquoi priver les communes d’une partie des fruits de la vignette ? La question a été du reste déjà posée.
Et le pouvoir central, parlons-en. Comment se fera la cohabitation entre le pouvoir local et le pouvoir central ? Une chose est sûre, le pouvoir central a des attributs importants. Comme il peut compter sur un long vécu historique jacobin et des traditions qui en font des interlocuteurs importants. Cela évidemment si les choses vont mal entre eux.
Autant dire que tout n’est pas gagné d’avance pour les nouveaux conseils municipaux qui découvriront peut-être trop vite et à leurs dépens que les promesses ne sont pas aussi faciles à mettre en œuvre.
D’où le risque de voir la confiance dans les politiques perdre encore quelques points ! Et ne pas engager l’échéance électorale de l’année prochaine (législatives et présidentielle) sous les meilleurs auspices.