Trois attentats terroristes en une seule journée, dont l’un, celui d’Aïn Soltan à Jendouba, est incontestablement reconnu de nature terroriste. Les deux autres, l’incendie provoqué à un mausolée à Sbiba du gouvernorat de Kasserine et celui perpétré par une voiture, à El Alia dans le gouvernorat de Bizerte, qui a foncé sur une foule de personnes près du cimetière du village, n’ont pas encore été reconnus comme terroristes, pourtant, ils semblent bien marqués par cette empreinte.
Est-ce le retour d’un cauchemar déjà vaincu ? Pourquoi à ce moment précis ? À quelles réactions de la part du gouvernement, des forces sécuritaires et des politiciens devrions-nous nous attendre ? Telles sont les questions pertinentes à se poser pour, au moins, comprendre ce qui est en train de se passer en Tunisie.
Nous savons tous que la Tunisie a réussi, ces dernières années, à atténuer considérablement l’ampleur du phénomène terroriste, mais elle n’a encore pas réussi à l’éradiquer totalement. Ces groupes terroristes qui ont investi nos hauteurs de Kasserine et du Kef sont encore là, et n’ont jamais cessé de se manifester à travers quelques opérations limitées, certes, mais qui témoignent encore de leur présence dans nos contrées.
Attentats terroristes : quels sont les responsabilités?
L’on pourrait justifier la persistance des attentats terroristes à partir de leur caractère transnational, puisqu’ils ont proliféré d’une manière spectaculaire dans le monde arabe depuis 2011, de manière à n’épargner aucun pays. Cependant, avancer, à outrance et en toute circonstance cet argument équivaut, dans l’état actuel des choses, à une soustraction flagrante d’une responsabilité politique et morale, cette responsabilité qui incombe certainement au gouvernement et aux politiciens.
Car, et il n’est pas sorcier de le deviner, le terrorisme ne devient souvent actif qu’en situation de crise. Et dans la conjoncture actuelle de la Tunisie, la crise par laquelle passe le pays ne cesse de s’amplifier. Outre les difficultés économiques étouffantes et aux conséquences assez graves, outre un Dinar qui ne cesse de dégringoler (plus de trois Dinars contre un Euro), d’une réserve en devises qui ne cesse de baisser (71 jours d’importation) d’un TMM qui s’approche à pas sûr des 7%, d’un taux d’inflation qui a dépassé les 7%, outre ces éléments suffisants à eux seuls pour générer une situation catastrophique, nos politiciens se permettent le luxe de poser la cerise sur le gâteau, en provoquant une série, qui semble interminable, de conflits politiques.
Crise après crise, la Tunisie a tant souffert au point qu’elle se trouve dans l’incapacité d’en supporter encore plus. Et en ce moment même, face aux attentats terroristes, où l’union sacrée est supposée être un devoir national, on continue, du côté de nos politiciens, à chercher sur le dos de qui faire porter la responsabilité.