Drôle de Coupe du monde que celle qui vient de se dérouler en Russie. Plus de favoris ni d’outsiders. Avec la sortie de grandes nations (Brésil, Argentine, Allemagne, Argentine, etc.) et la domination et la victoire de sans-grade.
Le rideau est tombé, comme on dit, le 15 juillet 2018, sur la Coupe du monde Russie 2018 avec la victoire de la France sur la Croatie (4-2). La présence de ces deux finalistes ne peut que surprendre nombre de passionnés du football mondial qui ont vu évoluer de par le passé d’autres grandes éditions de la plus prestigieuse des compétions mondiales.
La Croatie comme la France sont au vu de leur palmarès aussi bien mondial que continental (les championnats européens des nations et des clubs), des sans-grade. Consultez le palmarès des équipes aussi bien croates que françaises au niveau, par exemple, des Coupes du monde ou des Championnats d’Europe (des Nations et des clubs) de football.
Les résultats sont des plus maigres : les « Flamboyants », ou encore l’équipe au damier (rouge et blanc), n’ont obtenu avant cette finale de la Coupe du monde Russie 2018 aucun titre. L’équipe nationale française de football, les « Tricolores », a par ailleurs à son palmarès une Coupe du monde, obtenue en 1998, alors que la France organisait la plus célèbre des compétitions et a été aidée, il faut le dire, par un calendrier qui l’a poussée en finale. Une pratique, cela dit, largement courante, et deux championnats d’Europe, en 1984 et en 2000. La liste des clubs français à avoir réussi à gagner la Ligue des Champions de l’UEFA (UEFA Champions League) ne comporte que le nom de l’Olympique de Marseille (OM).
Circulez y’a rien à voir !
Sur un autre plan, les championnats français et croates ne font pas courir la foule. En France, et à l’exception d’un Paris Saint-Germain (PSG) qui profite de la manne qatarie, il n’y a rien vraiment rien d’important. En d’autres termes : Circulez y’a rien à voir !
Inutile de préciser que ce palmarès est loin d’égaler celui de nations qui ont dominé jusqu’ici le football mondial. Rien à voir avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne ou encore le Portugal.
Des nations qui n’ont pas tenu la vedette au cours de la Coupe du monde 2018. L’essentiel de ces pays n’a pas dépassé les huitièmes de finale de cette édition. L’Allemagne est sortie dès le premier tour éliminée par une vaillante Corée du Sud. L’Italie, qui a quatre Coupes du monde à son actif (1934, 1938, 1982 et 2006), ne s’est même pas qualifiée à l’édition russe. Ce qui a beaucoup terni, aux yeux de certains, l’image de la Coupe du monde Russie 2018. Une Coupe du monde qui a vu partir des joueurs qui ont pour nom Lionel Messi, Christiano Ronaldo, Neymar da Silva Santos Junior dit Neymar Jr., Edison Cavani, Andres Iniesta, etc.
A qui la faute ? Une chose est sûre : le football mondial a changé et offre une réalité bien inhabituelle. Une réalité qui ne fait pas la différence coutumière entre favoris et outsiders. Qui aurait cru que le Maroc ou l’Iran pouvaient tenir tête à un Portugal comptant dans ses rangs une des plus grandes vedettes du football mondial : Christiano Ronaldo ?
Ces deux pays n’ont-ils pas été éliminés, dans cet ordre d’idées, par des fautes d’arbitrage ? C’est sans doute le cas de Maroc-Portugal (0-1), Maroc-Espagne (2-2) et d’Iran-Espagne (0-1). Le Maroc a du reste porté plainte auprès de la Fédération Internationale de Football (FIFA) estimant avoir été lésé.
Les techniciens du football et les journalistes spécialisés ont largement rendu compte des mutations qui se dessinent et qui ont donné les résultats décrits dans ces quelques lignes. Des résultats fruits d’une mondialisation rampante qui a permis aux sans-grades de jouer dans la cour des grands.
Une mutation
L’ouverture des grands championnats mondiaux aux joueurs étrangers, l’acquisition par les démunis des savoirs et des know-how monopoles des grands, la naturalisation de joueurs, la mise à la disposition du plus grand nombre des équipements et des techniques nécessaires à l’amélioration de leur rendu, l’apparition du sport comme un des leviers du pouvoir (soft power), les investissements opérés dans le football, le développement des transports et de la communication, etc; voilà quelques facteurs qui ont favorisé cette mutation.
Une mutation qui a changé la nature d’un football mondial où être athlétique, assimiler les techniques et les tactiques n’est plus le fait de quelques uns. Comme disposer de stades et d’équipements à la pointe du progrès ou encore former ou attirer de grands techniciens.
Gageons que cette mutation observée notamment au cours de cette Coupe du monde 2018 n’est pas prête de s’arrêter. Bien au contraire. Tout le monde a compris, à ce propos, ce que figurer parmi l’élite peut apporter à une nation.
La famille royale et les dirigeants britanniques ont beau bouder l’édition 2018 de la Coupe du monde en Russie à la suite de l’empoisonnement, assure le gouvernement britannique, d’un ex-espion russe par un gaz innervant, le 4 mars, à Salisbury (ville située à 126 kilomètres de Londres), la Russie a tout gagné de la Coupe du monde. Retombées financières (environ cinq milliards de dollars (environ 13 milliards de dinars), soit un attendu de +0.2% du Produit National Brut (PNB)), organisation, sécurité, installations sportives de premier plan, etc. Le pays a donné de lui une image quasi parfaite et lui a permis d’occuper les devants de l’actualité mondiale.
Les événements de Syrie, hasard du calendrier, ont favorisé, par ailleurs, un déferlement de responsables politiques venus parler– ou négocier- avec les dirigeants russes, désormais acteurs privilégiés d’une géopolitique qui est, à l’instar du football mondial, en train de perdre ses repères.