N’a-t-on pas déjà qualifié le foot, en ces temps modernes, de phénomène complet? Un phénomène où se mêlent au sport, des faits économiques, financiers, politiques, sociaux et même culturels. La victoire de la France, en cette finale du Mondial 2018, ne fait que nous le rappeler en mettant en exergue, en effet, une dimension du sport moderne, tant connue qu’ignorée par le monde entier, celle qui fait de lui, le meilleur plaidoyer pour la diversité culturelle, mais surtout pour l’intégration.
La France a remporté l’édition 2018 du Mondial grâce à ses migrants, africains surtout, et venant d’autres cieux du bassin méditerranéen et du continent européen. La France a remporté la Coupe du monde, car ces migrants ont donné la preuve qu’ils sont capables d’apporter à la France plus que ce que la France leur apporte. Le trophée de 1998 a déjà mis en évidence cette France, désormais plurielle, qui a su canaliser et faire bon usage du potentiel de ces migrants, l’édition 2018, remportée par la France, a non seulement confirmé ce constat, mais montré que la question migratoire peut être envisagée sous un angle diffèrent que celui préconisé par certains politiciens français et autres européens.
En effet, ce mondial 2018 s’inscrit dans un contexte particulier de l’histoire des deux rives, nord et sud, du bassin méditerranéen. L’histoire de ce bassin n’a jamais connu une aussi grande accentuation du flux migratoire du sud, c’est-à-dire d’Afrique, vers le nord, à savoir, l’Europe. Un mouvement qui a pris ces dernières années des proportions démesurées, en témoigne le nombre important de jeunes, hommes et femmes, et d’enfants, engloutis dans les profondeurs d’un bassin supposé être un espace de prospérité aussi bien pour le nord que pour le sud.
Un mondial qui s’inscrit dans un contexte marqué par l’émergence de politiques alimentées par la montée spectaculaire de l’extrême droite dans plusieurs pays européens, dont la France où l’extrême droite a pu disputer le deuxième tour lors des dernières élections présidentielles. Des politiques, basées sur la crainte chimérique de voir le continent européen submergé de migrants africains, qui optent pour l’option des portes fermées face à ces personnes qui tentent l’aventure en mer à la recherche de conditions de vie meilleures. Une tendance qui semble désormais influencer considérablement la politique européenne, en train de développer une nouvelle approche sur la question migratoire visant à mettre en place des hot-spots, sorte de camps de concentration au candidat à la migration irrégulière, dans les pays nord-africains, notamment en Tunisie et en Libye, afin de limiter ce qu’ils considèrent comme dégâts provenant de ces flux migratoires et sans se soucier aucunement des principes des droits humains.
Un Mondial 2018 qui plaide désormais en faveur de la liberté de mobilité au niveau du bassin méditerranéen, supposé être un espace de paix et de dialogue, mais transformé en grand cimetière qui absorbe des gens qui ont eu la vanité de croire en cette symbolique.