Que cache cette réunion restreinte qui a lieu en ce moment même au palais de Carthage présidée par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi?
Cette réunion a été organisée en présence du chef du gouvernement, Youssef Chahed, du président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, du directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, du secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi et du président de l’UTICA, Samir Majoul.
Si on se réfère à l’interview d’hier soir de BCE sur Nessma, il s’agit de décider du sort de Youssef Chahed qui n’a plus que l’appui du mouvement Ennahdha au nom de la stabilité politique. Vu que la réalité est tout autre, un retournement de situation est envisageable de la part d’Ennahdha. Si Youssef Chahed sera contraint de recourir au renouvellement de la confiance du Parlement, il faudra pour cela gagner l’adhésion à sa cause de 109 députés, ce qui est loin d’être facile.
Il va sans dire que le problème de la Tunisie ne se limite pas à la crise politique actuelle, son principal problème est surtout socio-économique. Les discussions à huis clos au palais de Carthage ne sauraient éluder la nécessaire mise en place des réformes économiques plusieurs fois citée par les bailleurs de fonds « qui ne doivent pas être entreprises pour nous plaire », comme l’a déclaré le Commissaire européen à la politique de voisinage, Johannes Hahn, lors de sa récente visite à la tête d’une délégation de huit institutions financières.
A ce propos, 5.5 milliards seront octroyés à la Tunisie dont 2.5 milliards d’euros ont été programmés pour 2018-2019 en prêts et dons et les 3 autres milliards supplémentaires devraient attirer davantage d’investissements si un certain nombre de réformes publiques prévues étaient réalisées.
Si le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a avoué lors de l’interview d’hier soir que la « situation ne peut plus continuer comme cela », c’est la preuve qu’il vient de siffler la fin de la récréation et que l’heure n’est plus aux tergiversations, que chacun tire les conclusions qui s’imposent et assume ses responsabilités. L’intérêt du pays l’exige.