Le rapport complet du FMI à propos de la Tunisie, publié la semaine dernière, a discuté tous les aspects de l’économie du berceau du « printemps » arabe. C’était l’occasion de découvrir les projections à l’horizon 2023. Ces chiffres sont importants, car ils vont servir de référence pour tous les bailleurs de fonds internationaux. Le tableau est plutôt positif bien que certains chiffres nous semblent assez optimistes.
Le taux de 2,4% de croissance pour l’année 2018 n’est plus un secret, même si le premier semestre pourrait dépasser ce chiffre. Le Gouverneur de la BCT s’est montré plutôt positif en tablant sur un taux de l’ordre de 3% pour le second trimestre. Reste à dire que la croissance est largement tirée par l’activité agricole, fortement cyclique, ce qui la rend fragile. Par rapport à ce que la Loi de Finances avait prévu, il y a un décalage d’une année aussi bien de l’exercice en cours que pour 2019. On ne va toucher le seuil de 4% de croissance qu’en 2022.
Le fait qu’on s’inscrit dans une tendance haussière est en lui-même un facteur positif, mais cela reste insuffisant, notamment en matière de lutte contre le chômage. Au rythme actuel, nous sommes en train de créer presque 8 000 emplois par trimestre, ce qui fait que la croissance actuelle reste loin de pouvoir générer suffisamment d’emplois pour les jeunes qui vont arriver sur le marché. Le contexte social risque donc de rester tendu.
L’enjeu du dinar
L’inflation va rester à des niveaux très élevés à court terme, avec une moyenne de 8,1% pour 2018. Le rapport évoque même un taux de 8,9% en décembre 2018! La recette du FMI reste toujours la même, soit la gestion des taux d’intérêt et le contrôle de la masse monétaire. Néanmoins, nous pensons que la baisse de l’inflation jusqu’à retrouver 5,9% en 2021 reste assez optimiste, tenant compte de la dépréciation du dinar et de la réduction des subventions en particulier.
Le FMI continue à encourager les autorités tunisiennes à adopter plus de flexibilité en matière de régime de change. Il considère que les restrictions sur les importations n’ont pas eu l’effet escompté et ont plutôt créé des incertitudes parmi les banques et les opérateurs économiques. Selon ses calculs, une dépréciation de 10% du dinar permettra, à terme, d’améliorer le déficit courant de 3,7% du PIB. C’est dans cette logique que le rapport table sur une amélioration du déficit courant de sorte à repasser sous la barre des 10% en 2018 et sous la barre de 7% en 2021
L’impact du dinar va encore se ressentir sur les ratios de la dette qui va s’inscrire en baisse, en termes de poids du PIB, à partir de 2019. Le plus intéressant c’est la dette en devise, qui n’enregistrerait un recul qu’à partir de 2021. Cela suppose que le besoin de l’économie tunisienne en financements extérieurs sera élevé surtout que les réserves en devises restent fébriles.
Le FMI table sur l’amélioration de ces réserves à 3,5 mois en décembre 2018, soit 105 jours d’importation contre à peine 74 jours actuellement. Améliorer notre couverture à ce niveau signifie 4,5 milliards de dinars additionnels. Un chiffre qui semble un peu difficile à atteindre, sauf une dynamique exceptionnelle des exportations d’ici la fin de l’année ou une série d’encaissements de nouvelles dettes!