Si j’étais président de la « République » chantait en son temps Gérard Lenorman, en égrenant toutes les mesures révolutionnaires qu’il prendrait si jamais il entrait à l’Elysée; le saint des saints pour initier toutes les réformes, même les plus fantaisistes. Si comme cela pouvait se confirmer, « Al oustedh » Rached Ghannouchi, comme il préfère qu’on l’appelle désormais, venait à se porter candidat pour la présidentielle 2019 comme ses lieutenants l’ont laissé entendre, il jouerait sa dernière cartouche alors que tout donne à penser qu’à cette date là, il passera la main à Montplaisir.
Cette hantise des politiques qui ont été trop longtemps dans la lumière et qui, du jour au lendemain, se retrouvent de l’autre côté de la rampe, après l’extase, l’agonie pour ainsi dire, on peut supposer que notre professeur ne sera pas dans cette configuration pour un cheikh reconverti qui veut démontrer que l’islam est bien soluble dans la démocratie et vice versa, c’est le Graal qui est à portée de main.
Une démocratie musulmane à l’image d’une démocratie chrétienne ? Un trompe-l’œil. Quoi de plus sublime que l’accomplissement d’une ambition sur les traces de son maître à Ankara et surtout une revanche sur le sort. Il est bien de gouverner par procuration en disséminant ses pions et d’attendre en embuscade le bon moment pour enterrer définitivement l’héritage bourguibien vilipendé et honni. Gouverner directement, c’est mieux.
Tout, sauf une surprise, cette annonce et on savait bien qu’Al oustadh avait un oeil sur la banlieue nord depuis ce jour bénit où il a décidé par pragmatisme de se faire un nœud. Scénario cauchemardesque pour les uns, aboutissement pour les autres. L’année prochaine à Carthage pour le gourou et ce n’est plus une vue de l’esprit.
M.Ghannouchi peut remercier le ciel et son compère le président Essebsi qui vient de dire qu’il ne se présentera pas pour un second bail, pour le grand bonheur des futurs prétendants qui s’apprêtent à ouvrir le bal. A ce jeu, le président d’Ennahdha a déjà une bonne longueur d’avance. Je pars, tu restes et tu prends le relais; c’est ainsi que je résumerais la situation.
Contrairement au chef de l’Etat, j’imagine mal un Ghannouchi s’occuper de son jardin pour ensuite siroter tranquillement son thé ! Monsieur laisse venir dans la perspective de se faire du laïc et du moderniste le moment venu comme son modèle turc l’a fait dans les rangs des kémalistes et des gulénistes. Qui m’aime me suive…