Si l’esclavage en Tunisie fait partie de l’histoire ancienne, le groupe de défense des droits de l’homme, Walk Free Foundation, a publié un rapport qui porte sur l’indice mondial de l’esclavage dans lequel il prétend que la Tunisie compte 25 mille esclaves modernes.
Très vite l’information a été reprise par plusieurs médias locaux, à j-2 de la commémoration du 61e anniversaire de la proclamation de la République. Le rapport avance que la Tunisie est classée 50e à l’échelle mondiale avec 25 mille esclaves.
Afin d’en savoir plus sur le sujet, leconomistemaghrebin.com a contacté Malek Khaldi, membre de l’Instance tunisienne de lutte contre la traite des personnes, chargé de communication, qui a bien voulu éclairer notre lanterne.
Malek Khaldi a affirmé que les membres de l’Instance ont été surpris de lire le contenu du rapport sur le site d’un quotidien arabophone tunisien. « C’est un rapport qui parle de l’existence de 25 mille cas d’esclavage moderne en Tunisie. C’est faux », affirme-t-il. Afin d’argumenter ses propos, notre interlocuteur avance que même les pays connus pour la pratique de l’esclavage moderne comme la Libye et la Mauritanie n’ont pas atteint ce chiffre.
L’esclavage fait partie de l’histoire ancienne, aujourd’hui on parle de cas d’exploitation de personnes
L’Instance tunisienne de lutte contre la traite des personnes a recensé jusqu’en 2017, 740 cas de maltraitance de personnes dont 70% sont des enfants dont 100 cas sont de nationalité ivoirienne. » Mais nous croyons que le chiffre exact est aux alentours de 1000 cas, » précise-t-il.
Notons que la traite des personnes a été définie par l’article 1 de la loi organique n° 2016-61 du 3 août 2016, relative à la prévention et la lutte contre la traite des personnes : « Est considéré comme traite des personnes, le recrutement, le transport, le transfert, le détournement, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par le recours ou la menace de recours à la force ou aux armes ou à toutes autres formes de contrainte, d’enlèvement, de fraude, de tromperie, d’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité ou par l’offre ou l’acceptation de sommes d’argent ou avantages ou dons ou promesses de dons afin d’obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation, que cette exploitation soit commise par l’auteur de ces faits ou en vue de mettre cette personne à la disposition d’un tiers. »
Notre interlocuteur a indiqué par la même occasion que l’organisation auteure du rapport a eu recours à des critères économiques et sociaux qui n’ont rien à voir avec l’esclavage. Et d’affirmer qu’en Tunisie on parle plutôt d’exploitation de personnes et non d’esclavage.
» Alors que nous célébrons le 61e anniversaire de la proclamation de la République, il est inadmissible de voir encore des cas de maltraitance de personnes en Tunisie, ce n’est pas conforme à l’esprit de la République », conclut-il.