Certes aucun métier n’est dénué de risque, mais certains sont particulièrement éprouvants aussi bien pour le corps que pour l’esprit. Il est bien connu que les médecins en formation, notamment les médecins résidents, sont souvent en proie à la dépression et l’anxiété, bien qu’ aucune étude tunisienne ne se soit jusqu’à présent penchée sur cette question.
Dans une première étude en son genre, l’équipe de Réanimation Polyvalente de Monastir a analysé ce phénomène dont les répercussions touchent à la fois les praticiens mais également les personnes en demande de soins. A cet effet, les scientifiques ont saisi l’occasion du choix de stage des résidents, qui a permis de réunir entre le 14 et le 22 décembre 2015 pas moins de 1700 participants, pour les inviter à répondre à un questionnaire qui n’est autre que l’échelle HADS ( de l’anglais Hospital Anxiety and Depression Scale).
Un calvaire pour les médecins résidents
Ainsi, les participants, dont l’âge moyen était de 28 ans, rapportaient une moyenne de 62 heures de travail hebdomadaire, 73% assuraient une moyenne 6 gardes par mois, et seulement 8% d’entre eux pouvaient bénéficier d’une journée de repos compensatoire. Dans l’ensemble, 74,1% des résidents présentaient des symptômes anxieux ( avérés 43,6%, probables 30,5%), tandis que 62% présentaient des symptômes dépressifs ( avérés 30,5% , probables 31,5%). Par ailleurs, 20 % des répondants présentaient à la fois des symptômes dépressifs et anxieux. Le score HADS était significativement associé à l’âge du résident, au sexe féminin, et la charge de travail imposée sur une base hebdomadaire ou mensuelle, reflétée par le nombre de gardes par mois et le nombre d’heures travaillées par semaine.
Les scientifiques, dont l’étude a été publiée dans la revue The British Journal of Medecine, soulignent que ces taux étaient supérieurs à ce qui a été rapporté auparavant dans d’autres études internationales, dont l’une ( regroupant 54 études internationales) rapporte un taux de dépression moyen de 28.8 %.
Un phénomène inquiétant selon les scientifiques, compte tenu du fait qu’il est associé à l’augmentation des erreurs médicales, de l’insatisfaction au travail, et de l’attrition. Les moyens d’améliorer le bien-être des médecins résidents tunisiens existent bel et bien et peuvent être mis en place rapidement, mais il s’avère que les décideurs n’y voient aucune urgence et peut-être même l’utilité.