Le dernier rapport de Crisis Group, à la lumière de la crise politique sans précédent par laquelle est passé le pays au sujet du départ ou du maintien du chef du gouvernement, a fait le point sur la situation politique actuelle que vit la Tunisie et appelé à l’instauration d’un gouvernement de technocrates.
Dénonçant la lutte pour le contrôle du parti Nida Tounes, l’un des deux piliers de la coalition au pouvoir, le rapport indique : « Cette crise paralyse l’action publique et le travail législatif, divise et discrédite la classe politique, minant la confiance à l’égard des institutions. Elle diminue la capacité du pays à faire face à des événements imprévus, comme des attaques jihadistes ou des émeutes de grande ampleur, et alimente la tentation autoritaire ».
En clair, la crise actuelle affaiblit les institutions, et en même temps paralyse le travail de l’ARP, celui du gouvernement et de l’administration publique et alimente la tentation autoritaire. Selon le rapport, c’est aux principales forces politiques et syndicales qu’il revient de se mettre d’accord sur une sortie de crise en gardant à l’esprit que, sur le plan constitutionnel, le Parlement demeure la seule institution en mesure de décider du départ ou du maintien de Youssef Chahed.
Le rapport a également pointé les conflits sous-jacents en rappelant qu’en 2013, la tentation autoritaire était élevée, en déclarant: « Celle-ci découlait de la conviction, ancrée dans la culture politique tunisienne, que seul le pouvoir exécutif et administratif est en mesure de contenir les soi-disant dérives de la souveraineté populaire »
Au-delà du fait que le pays n’a jamais connu à ce jour une telle crise, la classe politique est fortement critiquée par un nombre croissant de citoyens qui la tiennent pour responsable de la plupart des maux dont souffre le pays, notamment la montée du clientélisme, la cherté de la vie, la dégradation de la situation sécuritaire, des infrastructures et des services publics”, rappelle Crisis group.
Mais la grande question est comment agir et quelles sont les recommandations? Selon les conclusions du rapport, pour le citoyen ordinaire, la question sur le maintien ou non de Youssef Chahed à la tête du gouvernement et son éventuelle victoire sur Hafedh Caïd Essebsi sont des questions secondaires. “L’urgence est que les partis politiques montrent qu’ils ont retrouvé le sens de l’Etat et qu’un pouvoir exécutif et administratif stable et efficace parvienne à se placer au-dessus des conflits politiciens et à renforcer la confiance envers les institutions”, conclut le rapport.
Crisis group : « La composition d’un gouvernement dit de « technocrates » serait une solution de dernier recours »
La principale recommandation du rapport serait de recourir à « la formation d’un gouvernement dit de technocrates ». En attendant, tous les indicateurs économiques et autres se maintiennent dans le rouge : l’inflation est passée de 3,7% en juillet 2016 à 7,8 % en juillet 2018. Et sans oublier la chute de dinar, qui est passée de 2,45 TND pour un euro en juillet 2016 à 3,1489 TND aujourd’hui. L’autre élément important, une dette publique qui a augmenté de 60,3% du PIB en 2016 à plus de 70 % en 2017 et 2018.