L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) revendique une augmentation salariale dans le secteur privé de 10,3%. Contacté par leconomistemaghrebin.com, l’enseignant-chercheur Aram Belhadj considère que ce taux d’augmentation est inconcevable pour plusieurs raisons.
Pour A.Belhadj, l’UGTT n’a pas pris en considération plusieurs paramètres liés à l’état de l’économie dans son ensemble et à la situation de quelques secteurs en difficultés. De même, notre interlocuteur a affirmé que l’UGTT devrait publier l’intégralité de cette étude qui a permis la proposition de ce taux d’augmentation pour pouvoir la discuter.
« Un taux de croissance de 2,5% (en glissement annuel) ne permet pas la réclamation d’un taux d’augmentation de salaires d’un peu plus de 10%» affirme-t-il, et de continuer « la situation de plusieurs entreprises privées ne permet cette augmentation salariale importante à l’instar des entreprises du textile. Par contre, il est possible de revendiquer un taux pareil pour les instituions financières privées (notamment les banques) qui font des bénéfices énormes».
Dans ce contexte, il propose de décentraliser progressivement les négociations salariales tout en prenant en compte des spécificités de chaque secteur. « Ainsi les négociations doivent se faire petit à petit au niveau des entreprises et pas au niveau de la centrale syndicale. C’est le cas de quelques pays européens comme le Portugal et la France qui adoptent des négociations salariales décentralisées mais l’Etat continue toujours à intervenir pour encadrer ses négociations et imposer le respect de certains règles, en l’occurrence le salaire minimum », argumente-t-il.
Notre interlocuteur affirme qu’il faut tenir compte de la productivité, lors des négociations sociales à l’instar des Pays-Bas et de l’Allemagne et que, la révision à la hausse du salaire doit prendre en considération l’amélioration du niveau de productivité du travail (à côté de l’inflation et du niveau de vie).
Pour une meilleure maîtrise des prix
Revenant sur le rapport entre l’augmentation des salaires et l’amélioration du pouvoir d’achat, Aram Belhadj a indiqué que le pouvoir d’achat se compose de deux éléments : le salaire et le prix. Il déclare « Au lieu de faire la pression sur la révision à la hausse des salaires, l’UGTT doit maintenir la pression pour la maîtrise des prix de base, ce qui, par ricochet, contribuera à l’amélioration du pouvoir d’achat. Auparavant, il y a eu des augmentations salariales et cela a eu des répercussions directes sur l’inflation et pas sur la croissance » dit-il. Il conclut « Bien qu’il soit légitime pour un syndicat de réclamer des augmentations salariales, il est indispensable de tenir compte en même temps de plusieurs facteurs et de l’hétérogénéité des performances sectorielles. » conclut-il