Des journées chargées de soucis quant au quotidien et des soirées faites notamment de spectacles musicaux et de chants. Les choses vont ainsi en cet été 2018. En attendant la rentrée. Reportage…
Assis à la table d’un café sur la Corniche de Sousse, Mohamed B., est, dit-il, » dégoûté de son quotidien« . Il prend un moment de plaisir face à la mer en ce jeudi 9 août 2018 et « dans cette canicule comme jamais vu« .
« Les journaux, souligne-t-il, parlant d’un quotidien arabophone, ne nous disent pas des choses réjouissantes. Nos politiques se livrent à une guerre sans merci en vue des élections de l’année prochaine. »
Une réalité qui est placée, veut-il rappeler, au centre de la réflexion menée par le récent rapport de l’International Crisis Group, publié le 2 août 2018, à l’endroit de la Tunisie, et qu’il a lu « en entier ». Le rapport de ce think tank, installé à Bruxelles, estime que la crise autour du maintien ou non du chef du gouvernement, Youssef Chahed, « paralyse l’action publique et le travail législatif, divise et discrédite la classe politique, minant la confiance à l’égard des institutions. Elle diminue la capacité du pays à faire face à des événements imprévus, comme des attaques jihadistes ou des émeutes de grande ampleur, et alimente la tentation autoritaire« .
Un « record » en matière de pessimisme du Tunisien
Et le rapport de l’International Crisis Group qui s’intitule tout simplement » Tunisie : dépasser les querelles pour restaurer la confiance » d’appeler à « la formation d’un gouvernement dit de « technocrates » « .
En rapport sans doute avec cette situation, les résultats du Baromètre politique du mois de juillet 2018, publiés le 1er août 2018, par notre confrère arabophone « Al Maghreb », annoncent que 86,2% des Tunisiens estiment que le « pays est sur la mauvaise voie« .
Et notre confrère de souligner qu’il s’agit là d’un véritable « record », affirmant que 90,4% des sympathisants de Nidaa Tounes, un des principaux partis du pays et dont sont issus le chef du gouvernement et cinq ministres, constituent le groupe le plus pessimiste contre 73,7% pour les partisans du parti islamiste « Ennahdha », qui a formé une alliance avec « Nidaa Tounes », au sortir des Législatives de 2014 pour gérer ensemble le pays.
Une situation qui n’empêche pas les Tunisiens de faire la fête en cet été 2018
L’été est une saison par excellence des mariages, des fiançailles et autres circoncisions, l’été est fait de tintamarre de klaxons, de voitures de luxe fleuries et décorées de rubans rouges et de soirées meublées par des troupes musicales.
Et dans cette canicule qui frappe la Tunisie, le rush vers les plages et les hôtels fait toujours partie des traditions. Et peu importe le prix. « Un proverbe tunisien ne dit-il pas, souligne Mohamed B., « Laisse-moi vivre aujourd’hui et tue-moi demain« .
Essayez de trouver du reste une chambre dans un hôtel en ce long week-end du 13 août 2018. Les hôtels sont tous complets, malgré le casse-tête du mouton de l’Aïd qui en ce moment se négocie au prix fort.
Notre interlocuteur, un avocat, venu prendre des jours de vacances dans la Perle du Sahel, entend assister à un spectacle du Festival international de Sousse, qui se tient du 17 juillet au 19 août 2018 et qui accueille chaque soir 4500 spectateurs. Le Festival se tient dans trois espaces de plein air.
Et un simple regard aux quotidiens tunisiens montre toute la place occupée par les soirées organisées dans les festivals d’été du pays ; chaque ville ayant pratiquement son festival d’été.
Les télévisions tunisiennes, notamment les chaînes publiques, diffusent à longueur de soirées, en direct ou en différé, les spectacles musicaux ou de chants animés par des artistes tunisiens et étrangers.
Une sorte de repos du guerrier. En attendant une rentrée ( septembre-octobre) où le débat politique avec ses querelles reprendra sa place. A n’en pas douter, une bonne partie de la rentrée sera consacrée au maintien ou non de Youssef Chahed et du congrès électif de « Nidaa Tounes » qui doit se tenir les 25,26 et 27 janvier 2019.