Que faut-il penser de l’annonce d’un front parlementaire commun entre Machrou3 Tounes et Nidaa Tounes? Quels sont les objectifs? Ahlem Hachicha Chaker, Directrice Exécutive de l’Institut des politiques du parti Machrou3 Tounes, a fait savoir que l’idée de constituer un front politique démocrate en Tunisie remonte à plus d’une année.
Elle souligne : « Nous avons eu le courage, lorsque d’autres ne partageaient pas notre conviction, de nous ouvrir à d’autres partis et d’entamer un travail de rapprochement. Les tentatives passées n’ont pas forcément été réussies, mais nous avons persévéré. »
Interrogée sur le choix du timing, Ahlem Hachicha Chaker a répondu: « Nous ne nous posons pas cette question. Nous sommes simplement heureux que cela se fasse et fiers d’en avoir été les précurseurs. Par contre, aujourd’hui, ce front va nous permettre de faire la différence pour les Tunisiens. »
Quels en sont les objectifs? Que va-t-il apporter de plus? A cette question, Mme Hachicha Chaker a souligné: « Un front parlementaire entre nos deux groupes parlementaires nous assure une assise confortable afin de faire avancer les dossiers sur lesquels nous sommes engagés, les dossiers qui sont aujourd’hui en souffrance à l’Assemblée, qui creusent la crise politique et économique et suscitent l’impatience des Tunisiens. »
Elle ajoute: « L’année parlementaire prochaine sera chargée, avec un agenda complexe et des projets de loi d’une importance capitale. Nous voulons pouvoir faire la différence sur ce processus, apporter une prestation plus efficace, plus performante. »
Et de poursuivre: » La situation de l’ISIE et de la Cour Constitutionnelle doit être débloquée afin que ces institutions puissent jouer leur rôle de manière efficiente. Nous voulons également faire avancer la réforme du régime électoral, sur la base d’un constat objectif et des recommandations d’experts et de la société civile. La Loi de Finances sera un enjeu particulièrement délicat cette année. Sans oublier les lois déjà sur la table de l’Assemblée et d’autres qui arrivent à la rentrée, la loi sur l’égalité dans l’héritage par exemple ».
En d’autres termes, les deux groupes parlementaires, Machrou3 Tounes et Nidaa Tounes, travailleront ensemble pour développer des positions communes, présenter des amendements, gagner le soutien pour nos idées, corriger les dérapages observés dans le fonctionnement de l’ARP. Elle précise à cet effet: « Petit à petit, nous établissons de nouvelles pratiques parlementaires et politiques, plus matures, plus responsables. »
Et de poursuivre: « Notre conviction est que nous devons à nos électeurs, à nos mandants, aux démocrates de ce pays, de faire mieux, ensemble. Il ne s’agit pas de personnes, d’individus. Il s’agit d’une construction collective, d’institutions. Arriver à se dépasser, à dépasser ses objectifs partisans pour renforcer les institutions, défendre un projet sociétal national, fonder un nouveau modèle économique, voilà l’objectif! Nous nous le devons à nous-mêmes aussi ».
D’autres partis vont-ils se joindre à un front parlementaire progressiste?
A cette interrogation, Mme Hachicha Chaker a souligné: « Il est évident que ceci est le premier pas sur un chemin qui reste à faire avec d’autres acteurs. Au fil de notre travail dans le sens de la consolidation de la famille démocrate, Machrou3 Tounes a construit un réseau d’alliances, une plateforme de collaboration, avec tous les démocrates qui ont le souci d’un équilibre politique stable en Tunisie, partis politiques, indépendants, société civile, etc… Ce réseau s’est construit sur un socle de valeurs communes. Ce front parlementaire en est le prolongement et nous espérons voir ces deux efforts se rejoindre. Les discussions vont bon train avec plusieurs partenaires et les semaines à venir seront décisives. Il est indéniable que les attentes du public vont dans ce sens. »
L’Institut des politiques publiques de Machrou3 Tounes, selon elle, sera au cœur de cette démarche, en renforçant les compétences des élus et en les soutenant dans l’élaboration de propositions législatives informées. Et de conclure: « En tant que première responsable de l’IPP, cette approche de travail ouverte sur les autres est ma conviction. »