Faut-il revoir la loi électorale, en programmant l’élection présidentielle avant les législatives? La révision de la loi électorale n’est plus une question abordée par-ci, par-là, mais cela commence à prendre racine à l’hémicycle de l’ARP.
A cette question, Lilia Younes Ksibi, présidente du bloc parlementaire du parti Afek Tounes a répondu par l’affirmative. Elle souligne à cet effet: « Nous sommes dans un système où il y a trop d’instabilité. Pourquoi? Parce que nous avons les législatives prévues en premier puis la présidentielle ». « Ce système nous mènera toujours à une instabilité, avec l’absence d’une majorité qui gouverne. Alors que si on inverse, c’est à dire en programmant la présidentielle avant les législatives, cela nous mènera à une stabilité et un consensus », a-t-elle dit.
Lilia Younes Ksibi : « L’ élection présidentielle avant les législatives »
Citant certains exemples de pays africains ayant pris le parti de placer l’élection présidentielle avant les législatives, Mme Younes Ksibi estime que cela a donné de bons résultats, car ils ont constaté que le système d’avant était défaillant. Et d’ajouter: « Je suis pour le changement de la loi électorale. »
Et de poursuivre: « Nous devons revoir la loi électorale pour plusieurs raisons. Si on se réfère au seuil électoral, nous avons assisté, aussi bien en 2011 qu’en 2014, à l’existence d’un pluralisme débridé de partis politiques dépassant plus de 200. Idem pour les listes. Et du coup, le citoyen ne sait plus pour qui voter; alors que ces listes se sont faites entre amis, des membres d’une même famille, pour avoir un financement. Aujourd’hui, le seuil électoral pour bénéficier d’un financement public est de 3%, c’est-à-dire que si vous dépassez les 3% vous avez droit au financement public. A mon avis, cela a diminué l’effritement et je trouve que c’est plus logique et c’est beaucoup mieux. »
Sur un autre volet, le nombre de lois votées, la présidente du bloc parlementaire d’Afek Tounes a souligné que le nombre de lois votées dépasse les 150. Mais ce qu’elle reproche c’est que l’exécutif ne fasse pas son travail, en publiant comme il le faut les décrets d’application.
Qui est le responsable?
Elle indique: « En Tunisie, nous avons trop de lois. Ce qui est probablement un de nos problèmes, car à quoi sert une loi si on ne l’applique pas. Pourquoi les décrets d’application prennent-ils tant de temps? A mon sens, il y a beaucoup de laxisme. En fait, ces lois sont généralement des projets de ministres et du pouvoir exécutif. Or, on se focalise trop sur le Parlement et on devrait bien plus se focaliser sur l’exécutif ».
Et de conclure: « J’aurais aimé qu’on ait les moyens réellement d’exercer le pouvoir du contrôle. Et ce qu’il faut par dessus tout, c’est mettre en avant les réformes éducatives et le secteur de la santé. »