« Mouch Waktou » ( Ce n’est pas le bon moment en français) est un court-métrage réalisé par Amal El Mekki. Défendre les libertés individuelles et sensibiliser les Tunisiens à l’importance du vivre-ensemble sont les deux enjeux de ce court-métrage.
Quand il s’agit de libertés individuelles et des droits de l’Homme, il est inutile d’avancer que « ce n’est pas le bon moment ». Ou qu’il existe d’autres priorités économiques et sociales qui doivent primer. Les libertés individuelle ne sont pas une ligne rouge, mais aucune concession ne doit être tolérée à ce sujet.
La jeune réalisatrice Amal El Mekki a choisi cet angle et ce timing pour aborder le sujet des libertés individuelles. Elle ne manque pas de contrecarrer par là-même les propos de celles et ceux qui considèrent que le sujet n’est pas prioritaire. Sans détour et sans concession, la réalisatrice prend position. Elle développe un plaidoyer pour la différence confessionnelle, la tolérance et le vivre-ensemble, en 12 minutes. Mouch Waktou est produit, dans le cadre d’un Programme de coopération entre le ministère des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’Homme et L’Agence française de développement médias.
Quand le cinéma soutient les libertés individuelles
Pour un meilleur ancrage du documentaire dans la réalité, la réalisatrice a choisi quatre personnages. Elle illustre à travers eux un certain nombre de libertés individuelles. On découvre un jeune agnostique, un jeune converti au christianisme, une prostitué et un jeune artiste soufi.
Elle les a choisi pour revenir sur les libertés individuelles qui la touchent. Il s’agit de la liberté de pensée, de conscience, de croyance religieuse et de disposer de son corps. Chaque cas sélectionné est une histoire qui correspond à l’une des libertés individuelles. Cette réalisatrice a su faire parler ces personnes qui se sont mises à nu devant les spectateurs. Et la caméra a su sonder le tréfonds de leur âme.
Mouch Waktou est un court-métrage qui interpelle tous les Tunisiens
Pour plus de proximité avec les acteurs, la réalisatrice a choisi des personnes qui ne sont pas connues. Elle espère ainsi faciliter l’identification aux situations.
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, Amal El Mekki affirme qu’elle prend position pour les libertés individuelles. Ce sujet n’est pas uniquement une matière d’un article, loin s’en faut. Mais c’est une cause à défendre bec et ongle, comme il se doit. Ainsi la réalisatrice s’est fondée sur le principe de l’universalité des droits de l’Homme pour ausculter le regard rétrograde de la société sur des individus dont le seul tort est d’être différents aux yeux des autres.
Ce documentaire se focalise sur deux aspects à la fois. Tout d’abord, la sensibilisation à la nécessité de protéger les libertés individuelles et d’expliquer les dangers qui menacent cette notion en Tunisie. Et ensuite, le documentaire est un appel émouvant aux Tunisiens à une cohabitation pacifique, en prenant en considération les différences culturelles et religieuses.
Amel El Mekki n’envisage pas de s’arrêter en si bon chemin. La projection de l’avant-première de Mouch Waktou s’est tenue récemment au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens. Mais elle prévoit des projections dans plusieurs gouvernorats, en collaboration avec la Coalition civile de la défense des libertés individuelles.
Il semble que ce court-métrage arrive à point nommé, à un moment où les Tunisiens sont en pleine discussion sur le rapport de la COLIBE.