Mauvais traitement des touristes algériens, campagne contre trois grandes marques au Maroc et campagne pour le port du hijab en Algérie, les réseaux sociaux ne cessent de faire parler d’eux et de provoquer l’agacement des uns et des autres.
Les touristes algériens seront toujours les bienvenus. Les responsables des associations du tourisme tunisien et algérien ont tenu à le dire tout récemment. C’était à l’occasion d’une visite en Tunisie (les 10 et 11 août 2018) d’une importante délégation d’agents de voyage algériens.
Une visite et des déclarations venues démentir notamment une campagne sur les réseaux sociaux pour raconter les mauvais traitements subis en Tunisie par les touristes algériens (nouvelle taxe, refus de séjour dans les hôtels,…)
Bref, et encore une fois, les réseaux sociaux montrent tout le mal qu’ils peuvent faire au Maghreb.
Au Maroc, le hashtag « Koun Rajel » (Sois un homme) n’en finit pas également et à son tour de susciter la polémique.
Lancé vers le 10 juillet 2018, il prend la forme d’une véritable campagne aux relents intégristes appelant les Marocains à ne pas laisser leurs femme, fille ou soeur sortir portant des vêtements serrés.
Notamment à une période où, avec l’arrivée de l’été les maillots de bain et les bikinis ont fait leur apparition sur les plages du royaume alaouite.
42% des Marocains se sont inscrits dans le boycott
Une campagne qui fait suite à une autre relative au boycott de trois grandes marques : une marque d’eau minérale, une marque de lait et une enseigne de station-service.
Apparue fin avril 2018, la campagne s’inscrit, d’après ses initiateurs, dans le cadre de la lutte contre la vie chère. Résultat : selon notre confrère marocain l’Economiste, 42% de la population ont appliqué le boycott. Et le déplacement du patron de Danone au Maroc, pour sauver les meubles, comme la baisse du prix du lait de cette marque n’a vraiment rien donné.
Le hastagh « Koun Rajel » rappelle bien une campagne quasi similaire engagée en Algérie en mai 2015, en vue d’inciter les Algériennes à porter le hijab. Avec quelquefois des discours incitant à la violence. Du genre des menaces d’ »asperger d’acide le visage des femmes » qui ne respecteraient pas l’habit islamique.
Ce qui avait suscité toute l’inquiétude des autorités algériennes qui ont déclaré suivre tous les messages haineux des internautes et assuré que le « code pénal consacre plusieurs articles à la protection des Algériens contre la cybercriminalité ».
Intervenant lors d’une session de formation, organisée en juillet 2018, le Rassemblement National Démocratique (RND), le parti du Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, Mustapha Nassi, membre du bureau national du RND chargé de la communication électronique, a insisté sur la « nécessité d’exploiter judicieusement les réseaux sociaux pour qu’ils soient au service de la sécurité et la stabilité du pays « . Avant d’annoncer que « les ennemis de l’Algérie usent de ce moyen pour détourner l’esprit de nos enfants alors que ces derniers doivent être jaloux pour leur patrie ».
48% de la population maghrébine fréquentent les réseaux sociaux
La Tunisie n’est pas en reste avec des réseaux sociaux qui regorgent de posts et autres comptes qui diffusent de fausses nouvelles. Le mensonge, la diffamation et l’injure y sont légion. A titre d’exemple, le 20 juillet 2018, des messages ont annoncé sur Facebook le décès d’un artiste bien connu, le chanteur Belghit Sayadi. Une information démentie le soir même par l’intéressé et ses amis.
Le ministre de la Justice et de l’Intérieur alors par intérim, Ghazi Jeribi, a confirmé au lendemain de l’attentat terroriste d’Aïn Soltana, le 8 juillet 2018, qu’un texte en préparation devrait sanctionner les fake news dont une partie passe par les réseaux sociaux.
Badra Gaaloul, présidente du Centre International des Etudes Stratégiques, Sécuritaires et Militaires (CIESSM), a prétendu, à ce propos, avoir avisé les autorités de l’imminence d’une attaque terroriste du côté de Jendouba. Ce qui a provoqué une véritable polémique : l’attentat a fait six morts.
Les réseaux sociaux constituent au Maghreb de plus en plus un véritable phénomène. Ils assurent dans les trois pays du Maghreb central une véritable percée : 48% de la population totale dans le Maghreb y sont connectés. Selon les chiffres fournis par Digital 2018, le pourcentage des utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux dans la population est de 55% en Tunisie, de 49% en Algérie et de 42% au Maroc.