Diplomatie économique dites-vous ? Les parlementaires tunisiens en font la démonstration et de fort belle manière. La délégation parlementaire sud-coréenne présidée par le vice-président de l’Assemblée du « Pays du Matin calme » a eu droit à tous les égards et tous les honneurs.
Elle a été reçue par le Chef du gouvernement avant qu’il ne s’envole pour la Chine. Elle a eu de larges et d’intenses discussions avec le président de l’ARP avant de s’entretenir sur de vrais sujets de coopération et de partenariat avec les ministres des Affaires étrangères, de l’Industrie et celui du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.
Les possibilités de construction d’un avenir commun, les opportunités d’investissements croisés, le potentiel d’échanges commerciaux entre les deux pays ont été largement débattus. Avec en toile de fond la possibilité de se servir du site Tunisie – dont les Coréens n’ont pas fini de tarir d’éloges- pour un meilleur et rapide accès en Afrique et en Europe au regard de sa proximité de la zone Euro.
Comment les Coréens voient la Tunisie
La Tunisie a des talents, des compétences humaines dont la réputation a fait le tour du monde. Elle a une solide expérience en matière d’ingénierie industrielle et une logistique très perfectible. Les hôtes coréens le savent et l’ont rappelé une fois de plus au cours d’un somptueux dîner organisé en leur honneur.
Le lieu : l’hôtel « Concorde » sur les Berges du Lac, la salle au nom éloquent de Paris. Il y a là plus d’un symbole.
Pas moins de quatre ministres tunisiens étaient présents en compagnie de nos ambassadeurs à Séoul – l’ancien et le nouveau. Le président de l’UTICA ainsi que son concurrent et néanmoins partenaire celui de la Conect savaient pourquoi ils étaient conviés et ce qu’on attendait d’eux, tout comme d’ailleurs l’illustre capitaine d’industrie, Abdelwaheb Ben Ayed. La gent patronale dont ce qu’elle a de plus ouvert sur l’Asie était là. Elle côtoyait le groupe parlementaire tunisien présidé par Moncef Sellami et animé par l’entreprenant Hafedh Zouari, très à l’aise dans le rôle de maître de céans.
Le nouvel ambassadeur de la Corée au sommet de son art en matière de diplomatie économique veillait au grain.
Corée : mettre le cap sur l’Afrique
Le vice-président de l’Assemblée coréenne, Lee Ju Young, n’a pas fait mystère de son ambition de mettre le cap sur l’Afrique. Il faut à cet effet un point d’appui et un compagnon de route. Une sorte de caution morale pour accéder en ami et en partenaire loyal sous la devise win-win. Les Coréens affichent ainsi leur volonté de développer une sorte de soft power loin de toute forme d’hégémonie.
Que choisir comme point de départ ? La Tunisie ou le Maroc ? La balance a penché du côté de l’Ifriqia des temps anciens qui a donné son nom à l’Afrique. La disponibilité des talents et des compétences aidant. Le choix s’est porté en faveur de la porte d’entrée de l’Afrique. Du Cap-Bon au… Cap de Bonne Espérance. La voix royale.
Et M. Lee, qui fut dans un passé récent ministre du Transport, d’énumérer les pistes d’action, les filières technologiques, les sources d’innovations qui pourraient – et seraient peut-être – exploitées en commun. Et de conclure sur une note on ne peut plus optimiste. La Tunisie et la Corée ont d’énormes choses en commun. Elles ont en partage des valeurs de justice, de liberté d’entreprendre et de démocratie. Et les deux pays ont le même désir d’avenir.
Géopolitique oblige. La Chine a remis à l’honneur la Route de la soie pour se donner les moyens d’une croissance pérenne. Le Pays du Matin calme est en train de poser les jalons de la Route de l’Afrique. Même si paradoxalement elle passe par l’Europe via la Tunisie. Nos amis asiatiques en ont fait la démonstration. Impossible n’est pas coréen. Embarqués sur le même vaisseau n’est pas tunisien non plus.