Khawla Zaazaa, est une juriste, titulaire d’un mastère en sciences criminelles et actuellement en train de préparer sa thèse de doctorat en droit international. Elle est également l’auteure du livre “Le crime d’assassinats politiques” et a bien voulu répondre à nos questions. Interview :
– Pourquoi avoir choisi d’écrire sur le crime d’assassinats politiques? D’où vient cet intérêt?
Tout d’abord, parce que je suis une juriste, une pénaliste des sciences criminelles. J’ai aussi un intérêt pour tout ce qui se passe en Tunisie ou ailleurs. Ma mère était une ancienne syndicaliste, elle m’a appris dès mon jeune âge à m’intéresser à toutes les causes humaines. Je me souviens quand j’étais petite de la 2ème guerre d’Irak.
– Concernant les assassinats politiques, avez-vous trouvé des points forts dans la région Mena?
C’est le volet purement juridique que j’ai traité. La première différence c’est qu’en Tunisie, il y a une lacune. On n’a pas incriminé les assassinats politiques dans les textes de loi. Et c’est pour cette raison que j’ai insisté sur le terme “le crime d’assassinats politiques” pour souligner cette absence de législation après les assassinats politiques.
Après la révolution, après l’adoption de la nouvelle Constitution, cette lacune n’a pas de raison d’être surtout depuis les deux assassinats politiques qui ont marqué l’actualité tunisienne. ET surtout leurs conséquences sur le déroulement des élections, sur les choix des Tunisiens.
– Croyez-vous que les assassinats politiques de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ont impacté le parcours du processus de la transition démocratique?
Certainement. Le processus de la période transitionnelle a été ébranlé après les deux assassinats. J’ignore si c’était voulu ou pas et si d’autres objectifs étaient derrière. Nous savons qui a commis le crime mais pas le ou les commanditaires.
– Y a-t-il selon vous un risque de nouveaux assassinats politiques?
Oui, certainement parce que malheureusement on est encore dans la phase transitionnelle. Pour l’instant, il n’y a pas de base forte. La 2ème République n’est pas encore bien enracinée et l’avenir du pays est encore flou, surtout avec les menaces terroristes extérieures.
De plus, ce qui se passe en Libye impacte directement la Tunisie. L’Algérie demeure également une cible. Il n’y a pas d’équilibre mondial parce que la mondialisation est inhumaine.
Des similitudes entre les deux assassinats?
Le modus operandi est le même pour les deux assassinats, la même arme avec les mêmes circonstances. Mais je me demande si l’assassinat de Chokri Belaïd avait pour but de rassembler la famille de la gauche des modernistes. Autant de questions qui nécessitent des réponses.